Après le conclave, quelles sont les raisons de la réserve du RN concernant la censure de Bayrou ?

Après le conclave, quelles sont les raisons de la réserve du RN concernant la censure de Bayrou ?

24.06.2025 18:24
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À l’Assemblée nationale,

« Depuis quatre mois, les syndicats et les organisations patronales ont œuvré pour améliorer la situation des retraites […] Est-ce que leurs efforts ont été vains ? », interroge François Bayrou lors des Questions au gouvernement ce mardi. « Ouiiiii », répondent les insoumis, se moquant de l’échec (prévisible) des négociations des partenaires sociaux la veille. Au milieu du tumulte, le président du groupe PS Boris Vallaud évoque le dépôt d’une motion de censure. De l’autre côté de l’hémicycle, Marine Le Pen et ses députés demeurent étrangement silencieux. Pourtant, la leader du RN détient entre ses mains l’avenir du Premier ministre.

« La censure, un moment de vérité »

Le Parti socialiste a finalement décidé de s’opposer à François Bayrou. Depuis plusieurs semaines, le PS espérait engager un débat parlementaire sur l’âge de départ fixé à 64 ans, inscrit dans la réforme Borne. Cependant, face à l’absence d’engagement du Premier ministre, Olivier Faure et ses camarades ont, presque à contrecoeur, annoncé la censure. Cette initiative est partagée par toutes les composantes du Nouveau Front populaire. « Le pape François Zéro a échoué dans son stratagème pour gagner du temps. Nous sommes pour une censure dans les plus brefs délais », a confirmé Benjamin Lucas, porte-parole des écologistes mardi matin. Toutefois, pour renverser Bayrou, la gauche compte (sans trop le dire) sur le soutien des voix du Rassemblement national lors du vote, prévu la semaine suivante. « Ils ont toujours été imprévisibles sur la question des retraites. La censure sera un moment de vérité, et nous verrons qui la soutiendra ou non », a déclaré Arthur Delaporte, député PS du Calvados.

Depuis la fin du conclave lundi soir, le Rassemblement national s’est montré discret sur l’absence d’accord entre syndicats et les implications politiques à en tirer. À midi, après une réunion de groupe, Andréa Kotarac a donné le ton : « Cette réforme Borne est à la fois socialement injuste et financièrement inefficace. Mais si la gauche veut censurer sur tout et n’importe quoi, ça ne nous concerne pas. Nous avons toujours choisi de censurer un texte spécifique qui irait à l’encontre de l’intérêt des Français, comme l’indexation des retraites dans le budget Barnier. Or, ce conclave ne nous inspirait rien », a assuré le porte-parole du RN.

Pourquoi le RN ne s’engage-t-il pas ?

Le parti à la flamme avait pourtant demandé (en vain) la censure du gouvernement Borne lors de l’adoption de la réforme des retraites par 49.3 en 2023. Bien qu’il se déclare toujours en faveur de son abrogation, il ne la considère plus comme un impératif immédiat. « Si nous ne votons pas la censure, cela ne signifie pas que nous soutenons le texte. Mais réformer les retraites s’inscrit dans un ensemble budgétaire nécessitant de nouveaux moyens de financement, contrairement à ce que la gauche essaie de faire croire. Il n’existe pas de majorité pour une nouvelle réforme, donc ce sujet sera abordé lors de la présidentielle », a déclaré le député RN Gaëtan Dussausaye. Il a également ajouté : « Les Français souhaitent-ils instabilité à quelques semaines des vacances ? ». La frilosité du RN à censurer le gouvernement Bayrou pourrait découler de la crainte d’une nouvelle dissolution. En cas de nouvelles élections législatives, Marine Le Pen ne pourrait pas briguer un nouveau mandat de députée en raison de sa condamnation pour inéligibilité dans l’affaire des assistants parlementaires.

Marine Le Pen et Jordan Bardella choisissent donc de temporiser, pleinement conscients d’être redevenus des faiseurs de roi… ou plutôt de Premier ministre. Ils espèrent, en attendant, influencer l’action gouvernementale, notamment concernant la trajectoire énergétique de la France, actuellement débattue au Parlement, ou le budget 2026 qui sera examiné à l’automne. « Deux moments de vérité », affirme Dussausaye, et deux raisons de censurer. Toutefois, l’insoumis Eric Coquerel considère que le sort des retraites n’est pas encore scellé. « Si les quatre groupes de gauche votent la censure, le RN sera mis sous pression. Comment justifieront-ils à leurs électeurs de sauver Bayrou ? ». Le Premier ministre n’est pas à l’abri d’un nouvel retournement stratégique de la part du Rassemblement national, rapporte TopTribune.

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