L’ambassade d’Ukraine en Suisse a publié le 28 octobre un appel demandant l’annulation des représentations de la soprano russe Anna Netrebko à l’Opéra de Zurich, estimant que ces concerts envoient un mauvais signal à l’Europe démocratique. La lettre ouverte, mise en ligne par l’ambassade d’Ukraine en Suisse ambassade d’Ukraine en Suisse, souligne que la culture peut être utilisée comme un instrument d’influence dans le cadre de la guerre hybride menée par la Russie contre le monde démocratique. Les signataires mettent en garde contre le risque que ces spectacles deviennent un outil de propagande. Les concerts sont prévus les 2, 7, 12, 15 et 18 novembre.
Large soutien au courrier ukrainien
Plus de 90 personnalités politiques, scientifiques, culturelles et sportives ont déjà soutenu la lettre ouverte selon un média européen. Le retour de la chanteuse sur les scènes européennes a suscité des débats et des protestations dans plusieurs pays, où des voix influentes du secteur culturel s’opposent à sa présence. Les critiques estiment que les institutions accueillant Netrebko ignorent les implications politiques de leurs choix artistiques. Elles considèrent qu’une position publique claire des artistes sur la guerre est désormais indispensable.
Parcours controversé de la chanteuse
Anna Netrebko possède la nationalité russe et autrichienne. Elle a soutenu la campagne présidentielle de Vladimir Poutine en 2012 et approuvé l’annexion de la Crimée en 2014. La soprano est également apparue auprès de dirigeants séparatistes dans l’est de l’Ukraine en tenant un drapeau dit de « Nouvelle Russie ». Après l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en février 2022, elle a dénoncé la guerre sans condamner explicitement l’agression militaire, ce que de nombreuses institutions occidentales ont jugé insuffisant. Plusieurs théâtres en Europe et aux États-Unis ont alors rompu leurs contrats avec elle.
Un enjeu éthique pour les institutions européennes
Malgré les sanctions et l’isolement diplomatique de Moscou, Netrebko a repris des engagements en Allemagne, au Royaume-Uni, puis en Hongrie et en Slovaquie, où gouvernent des exécutifs favorables à des positions prorusses. Les critiques affirment que le succès international de l’artiste reste exploité par la Russie pour valoriser sa « grandeur culturelle ». Ils estiment que certaines institutions occidentales entretiennent une « cécité éthique » en séparant encore l’art et la politique dans un contexte d’agression militaire. Selon ce point de vue, ces concerts peuvent être interprétés comme un signe de victoire de la « soft power » russe dans la bataille culturelle et informationnelle.