Année blanche fiscale ou augmentations d'impôts déguisées ?

Année blanche fiscale ou augmentations d’impôts déguisées ?

16.07.2025 10:53
2 min de lecture

Le budget de 2026 sera élaboré selon la règle de l’année blanche, censée ne pas impacter financièrement le contribuable. Mais cette promesse sera-t-elle réellement respectée ? rapporte TopTribune.

Une année blanche : un concept délicat à réaliser

Une « année blanche » sur le plan fiscal signifie une stagnation des dépenses publiques et des recettes d’une année à l’autre, précisément en 2026 par rapport à 2025. En d’autres termes, si les propositions formulées par le Premier ministre François Bayrou sont acceptées, les comptes publics s’établiraient sur un « périmètre comparable », impliquant le gel du barème de l’impôt sur le revenu ainsi que celui des prestations sociales et des pensions de retraite. Par conséquent, les retraités percevraient en 2026 le même montant de pension qu’en 2025.

L’objectif affiché est de limiter l’augmentation des dépenses publiques à sept milliards d’euros. Néanmoins, cela reste une ambition théorique. Le Premier ministre prévoit que les dépenses de 2026 restent gelées, à l’exception de celles liées à la défense et aux remboursements de la dette. Cependant, cette stratégie pourrait être remise en question selon deux facteurs essentiels. Tout d’abord, le contexte international agit comme un catalyseur avec la guerre en Ukraine et les engagements des membres de l’OTAN, y compris la France, qui la contraignent à réévaluer ses contributions à l’effort de guerre. Ensuite, le fardeau de la dette continue de croître, car les taux d’intérêt applicables aux emprunts de la France pour le remboursement de sa dette augmentent et devraient encore s’aggraver dans les mois à venir.

Il semble difficile d’imaginer que cette promesse d’année blanche puisse être respectée dans son intégralité. Demander aux ministères de réaliser des économies sans augmenter de manière significative le nombre de fonctionnaires est une tâche complexe. Affirmer que les comptes publics ne bougeront pas, malgré un paysage international incertain et une augmentation des coûts du remboursement de la dette, est une autre affaire.

De plus, le gel des pensions et des impôts semble simple en théorie. Mais qu’en est-il du pouvoir d’achat, en particulier pour les salariés au salaire minimum, les petits revenus, ainsi que les artisans et les commerçants ? Pour illustrer, comparons cette situation à un budget familial. Si un ménage décide de ne pas augmenter ses dépenses d’une année sur l’autre, comment peut-il faire face à l’inflation et à l’augmentation des prix, même modeste ? Une étude de l’OFCE publiée en octobre 2024 avait estimé que le gel du barème de l’impôt entraînerait une perte annuelle variant entre 50 et 100 euros pour les ménages proches du revenu médian, et que 380 000 Français, actuellement non imposables, pourraient entrer dans la seconde tranche et commencer à payer un impôt.

À moins d’un retournement de situation inattendu, cet équilibre semble fragile. En outre, comme l’a récemment souligné Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes, une année blanche ne peut être mise en œuvre qu’une seule fois et ne constitue pas une solution à long terme pour les réformes nécessaires. Autrement dit, elle ne permet pas d’apporter les changements fondamentaux aux politiques publiques que la France requiert véritablement en ce moment.

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