Alors que la zone sahélienne traverse une phase de forte instabilité marquée par les insurrections armées et l’isolement diplomatique, une dynamique plus résiliente émerge le long du Golfe de Guinée. Côte d’Ivoire, Togo et Bénin consolident leurs institutions, modernisent leurs infrastructures et adoptent des politiques favorables aux capitaux étrangers, rapporte TopTribune.
Stabilité régionale et attractivité économique
Dans un contexte d’instabilité profonde, les pays du Golfe de Guinée se projettent comme des pôles d’attraction pour les investisseurs. Leurs choix politiques et économiques montrent qu’adopter une démarche favorisant la stabilité est primordial. Les gouvernements de la Côte d’Ivoire, du Togo et du Bénin mettent tout en œuvre pour assurer un climat d’affaires favorable, renforçant ainsi leur position sur l’échiquier économique régional.
Facteurs de résilience et attractivité économique
Au Bénin, la désignation récente de Romuald Wadagni, ministre de l’Économie, comme candidat du parti au pouvoir pour les élections prochaines, met en lumière l’engagement du pays envers les réformes nécessaires. Dans une démarche proactive, le Bénin cherche à améliorer son intégration économique avec le Nigéria, tout en s’éloignant des lenteurs de l’organisation régionale CEDEAO suite au retrait de certains pays. Parallèlement, la Côte d’Ivoire continue de se positionner comme le leader francophone dynamique, alors que le Togo capitalise sur son emplacement stratégique et son importance logistique.
La stabilité macroéconomique de ces nations est manifeste : elles contrôlent l’inflation, améliorent leurs finances publiques et modernisent leur système fiscal. Ces pays ouvrent leurs portes aux investissements étrangers à travers des partenariats internationaux renforcés et des accords bilatéraux. En termes d’infrastructures, l’accroissement des capacités portuaires (comme celles de Lomé, Abidjan et Cotonou) et les avancées en matière d’énergie et de digitalisation des administrations témoignent de leur volonté de modernisation.
Secteurs prometteurs pour les investisseurs
Pour les investisseurs, en particulier ceux provenant de France, de nombreuses possibilités s’offrent, notamment dans des secteurs en forte croissance. L’énergie et la transition énergétique, par exemple, se présentent comme des domaines d’opportunité, avec la Côte d’Ivoire affichant un potentiel exceptionnel de production d’énergie renouvelable. La demande en énergie connaît une augmentation significative de 8 % par an, et le gouvernement prévoit de doubler sa production à travers le développement de l’hydraulique, du solaire et de la biomasse. De même, le Togo et le Bénin doivent développer des capacités de production et de distribution d’énergie fiables.
Le secteur de la santé mérite également une attention particulière, un renforcement des systèmes de santé et une lutte active contre la contrefaçon pharmaceutique étant devenus essentiels. Avec près de 20 % de faux médicaments sur le marché ivoirien, la modernisation des infrastructures sanitaires et l’amélioration des ressources humaines sont cruciales.
En matière d’infrastructures et de logistique, les compétences des ingénieurs français sont particulièrement recherchées. Les projets de ports, de corridors routiers et de zones industrielles intégrées sont actuellement lancés dans plusieurs régions. De fait, le Togo est en passe de devenir un hub portuaire de premier plan pour l’Afrique de l’Ouest, attirant l’attention de l’Inde qui, depuis une décennie, est le premier partenaire commercial du pays.
Le secteur touristique offre également de belles perspectives, que ce soit pour la mise en place de circuits touristiques ou la création d’infrastructures hôtelières conformes aux exigences de confort et de durabilité. Au Bénin, des efforts sont faits pour rénover les sites touristiques, avec l’objectif d’attirer deux millions de visiteurs d’ici 2030. À Abidjan, le programme « Sublime Côte d’Ivoire » illustre cette dynamique par des collaborations avec des clubs sportifs français.
Le Bénin s’engage également dans la transformation et la valorisation du secteur textile. La zone industrielle de Glo-Djigbé, qui regroupe des installations industrielles, emploie déjà près de 15 000 personnes, reflétant l’ambition du gouvernement de créer 28 nouvelles usines.
Enfin, avec un âge médian d’environ 18 ans, ces pays abritent une population jeune et connectée, ce qui engendre un besoin croissant en fintech et en e-commerce, ainsi qu’une digitalisation des administrations.
Opportunités à long terme pour les acteurs français
Pour les entreprises françaises, ces marchés présentent un double enjeu : d’une part, l’accès à des secteurs en pleine expansion, encore peu saturés et soutenus par l’État, et d’autre part, un levier diplomatique et économique. La France demeure un acteur majeur dans la région, ayant investi 3 milliards d’euros en Côte d’Ivoire depuis quatre ans et 440 millions d’euros au Bénin depuis 2013. L’implication des entreprises privées pourrait prolonger cette dynamique, tout en diminuant la dépendance des pays africains vis-à-vis des aides publiques occidentales.
Ces investissements s’inscrivent dans une logique de stabilisation durable, en favorisant l’industrialisation locale et la création d’emplois qualifiés. Ils renforcent également la coopération euro-africaine tout en contribuant à la gestion des flux migratoires. La Côte d’Ivoire, qui figurait en 2023 comme le quatrième pays d’origine des immigrés en France, souligne l’importance de ces enjeux.
En conclusion, la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Togo s’établissent comme des plateformes économiques solides, affichant une stabilité relative, des politiques pro-investissement et une forte demande en capitaux. C’est un moment stratégique pour les investisseurs français souhaitant s’inscrire durablement dans la dynamique florissante du Golfe de Guinée.