Le mystère persistant de Jeffrey Epstein six ans après sa mort
Six ans après son décès dans une prison new-yorkaise, Jeffrey Epstein continue de susciter des débats et interrogations aux États-Unis. Les révélations dérangeantes, les enjeux politiques et les obstructions juridiques alimentent un dossier qui refuse de s’éteindre. La condamnation définitive de Ghislaine Maxwell, ainsi que les tensions au sein du ministère de la Justice, ravivent la question cruciale : la vérité sera-t-elle un jour complètement révélée ?, rapporte TopTribune.
Un suicide contesté
Le 10 août 2019, Jeffrey Epstein est découvert pendu dans sa cellule au Metropolitan Correctional Center de New York. Bien que les autorités aient officiellement déclaré qu’il s’agissait d’un suicide, des éléments troublants persistent : caméras défaillantes, absence de gardiens, non-respect des protocoles de sécurité. L’inspection générale du ministère de la Justice a mis en lumière de nombreux dysfonctionnements internes, alimentant les théories selon lesquelles sa mort pourrait avoir été orchestrée.
Epstein, accusé d’avoir mis en place un réseau d’exploitation sexuelle de mineures à l’échelle internationale, devait faire face à des accusations de trafic sexuel. Son entourage, comprenant des personnalités politiques, des milliardaires et des célébrités, nourrit depuis longtemps des suspicions de complicité et de protection.
Ghislaine Maxwell, sa principale alliée et fille de l’éditeur Robert Maxwell, a été reconnue coupable en décembre 2021 puis condamnée le 28 juin 2022 à vingt ans de prison. Maxwell était chargée de recruter et de superviser les jeunes filles qui alimentaient le système d’Epstein. Pourtant, pour les victimes, la recherche de la vérité demeure inachevée : qui d’autre était au courant, impliqué ou a choisi de rester silencieux ?
Les « Epstein Files » : tension et révélations politiques
Depuis 2024, l’affaire connaît une résurgence notable. En septembre 2025, la commission de l’Oversight à la Chambre des représentants a rendu publiques des milliers de pages provenant de l’enquête fédérale. Ces documents incluent des plannings, des carnets d’adresses et des journaux d’appels, mentionnant des personnalités comme Elon Musk, Peter Thiel et Steve Bannon, sans qu’aucune preuve d’implication criminelle ait été apportée.
Le 20 août 2025, un juge fédéral a refusé de lever le secret sur les transcriptions du grand jury, citant la nécessité de protéger la délibération et les victimes. Cette décision a provoqué l’indignation d’associations et d’élus, qui déplorent une forte « culture du secret » autour d’un dossier d’intérêt public majeur.
Début octobre 2025, la procureure générale Pam Bondi a été questionnée au Sénat, esquivant de répondre tout en s’en prenant à ses interlocuteurs, ce qui a engendré une forte réaction. Le sénateur Dick Durbin a dénoncé « un mur de silence indigne d’un État de droit ».
Le 6 octobre 2025, la Cour suprême a rejeté l’appel de Ghislaine Maxwell, confirmant sa peine. Actuellement, elle purge sa sentence dans un établissement à sécurité minimale. Ce même jour, l’ancien président Donald Trump a mentionné qu’il « discuterait avec le DOJ » d’une éventuelle grâce présidentielle pour Maxwell, malgré le fait qu’il n’y avait pas jusque-là pensé. Cette simple déclaration a suffi à provoquer de vive controverse à Washington.
Un scandale aux ramifications mondiales
L’affaire Epstein dépasse depuis longtemps les frontières des États-Unis. Au Royaume-Uni, l’ancien ministre Peter Mandelson a été mentionné dans une lettre extraite du « birthday book » d’Epstein, où il a admis avoir eu des liens d’amitié avec lui et a exprimé ses profonds regrets à ce sujet.
En France, le nom de Jean-Luc Brunel, ancien agent de mannequins lié à Epstein, émerge à nouveau. Retrouvé mort dans sa cellule parisienne le 19 février 2022, il était visé par une enquête pour viols et proxénétisme aggravé. Des groupes de victimes appellent aujourd’hui à la réouverture de certaines enquêtes jugées trop rapidement classées.
Partout dans le monde, le même schéma se reproduit : pouvoir, argent et impunité. L’affaire Epstein met en lumière l’interconnexion entre les cercles de pouvoir et les comportements prédateurs, souvent masqués par une façade de luxe et de philanthropie.
Six ans après la mort d’Epstein, la justice américaine lutte toujours contre un feu dont chaque nouvelle révélation attise les flammes. Tant que les archives resteront sous clef et que les responsabilités ne seront pas pleinement établies, l’affaire Epstein continuera de symboliser un scandale majeur dans un système qui protège ceux qui en abusent.
