Affaire Bétharram : "On est tous abîmés", témoigne la fille de François Bayrou sur France Inter, au moment de la sortie d'un livre de témoignages de victimes
Affaire Bétharram : "On est tous abîmés", témoigne la fille de François Bayrou sur France Inter, au moment de la sortie d'un livre de témoignages de victimes

Affaire Bétharram : « On est tous abîmés », témoigne la fille de François Bayrou sur France Inter, au moment de la sortie d’un livre de témoignages de victimes

24.04.2025
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Le collège et lycée catholique français Le Beau rameau à Lestelle-Betharram (Pyrénées-Atlantiques), anciennement baptisé Notre-Dame de Bétharram, le 18 mars 2025. (GAIZKA IROZ / AFP)
Le collège et lycée catholique français Le Beau rameau à Lestelle-Betharram (Pyrénées-Atlantiques), anciennement baptisé Notre-Dame de Bétharram, le 18 mars 2025. (GAIZKA IROZ / AFP)

Elle s’exprime aux côtés de nombreuses autres victimes, mais sa voix porte plus loin. La fille aînée de François Bayrou, Hélène Perlant, témoigne de violences subies durant son adolescence dans le livre Le Silence de Bétharram, publié jeudi 24 avril par la journaliste Clémence Badault et Alain Esquerre, porte-parole du collectif des victimes de Notre-Dame de Bétharram (Pyrénées-Atlantiques). Ce dernier a voulu dédier son récit de 250 pages « à tous les enfants victimes de violences physiques, morales et sexuelles commises par des adultes ». Tous les deux étaient invités de France Inter, jeudi matin. Hélène Perlant y a dit sa volonté de se « faire recenser comme victime, une parmi d’autres », décrivant une« agression faite au corps, qui vous prend dans votre dignité »« Il faut agir, on ne doit pas faire preuve de lâcheté quand on est adulte », a de son côté déclaré Alain Esquerre. Suivez notre direct.

Un recueil de témoignages des victimes de violences sexuelles et physiques. Au fil de vingt chapitres, ce livre, que franceinfo a pu consulter, partage les récits de plusieurs anciens élèves de Notre-Dame de Bétharram, victimes de sévices physiques, d’agressions sexuelles et de viols répétés par des religieux officiant dans l’établissement et des surveillants. Ils sont plusieurs à incriminer notamment le père Carricart, mort en 2000, et un ancien surveillant, Damien Saget, placé en garde à vue en février. Un ancien élève et surveillant relate également la mort d’un enfant à l’internat en 1980.

« Il me roue de coups de poing, de coups de pied sur tout le corps ». Dans un entretien à Paris-Match mardi, Hélène Perlant a raconté avoir été violemment frappée par un curé durant un camp d’été organisé par Notre-Dame de Bétharram, l’année de ses 14 ans. « Un soir, alors qu’on déballe nos sacs de couchage, [le père] Lartiguet me saisit tout d’un coup par les cheveux, il me traîne au sol sur plusieurs mètres et me roue de coups de poing, de coups de pied sur tout le corps, surtout dans le ventre », décrit-elle. « Je suis restée trente ans dans le silence. Mon père, j’ai peut-être voulu le protéger, inconsciemment, je pense, des coups politiques qu’il se prenait localement », ajoute Hélène Perlant, aujourd’hui âgée de 53 ans. Dans le même chapitre, elle dénonce aussi « la pédophilie » qui « crève tellement les yeux » lorsqu’elle entre en classe de Première.

« Ça me poignarde le cœur », réagit François Bayrou. « Le Premier ministre était bouleversé et totalement abasourdi », a dans un premier temps glissé l’entourage de François Bayrou à franceinfo après la parution de l’entretien dans Paris-Match« Ça me poignarde le cœur », a déclaré l’intéressé à la presse, plus tard mercredi. Le 15 février, à Pau (Pyrénées-Atlantiques), à la sortie d’une rencontre avec le collectif des victimes de Notre-Dame de Bétharram, François Bayrou avait déclaré avoir été seulement informé « de gifles et de ce genre de choses »subies par les élèves dans le passé, alors qu’il était ministre de l’Education nationale. Il est sous le feu des critiques de l’opposition de gauche depuis les premières révélations de Mediapart, en février. Le site d’investigation accuse le Premier ministre d’avoir été informé, dès la fin des années 1990, de faits de violences physiques et sexuelles dans cet établissement dans lequel ses enfants ont été scolarisés, ce qu’il dément.

Le Premier ministre auditionné mi-mai par les députés. François Bayrou doit être entendu le 14 mai à 17 heures par la commission d’enquête parlementaire de l’Assemblée nationale sur les modalités du contrôle par l’État et de la prévention des violences dans les établissements scolaires. Cette commission, née de cette affaire, a déjà auditionné le 10 avril un ancien gendarme qui affirme que François Bayrou est intervenu dans une enquête sur des faits de viol visant un religieux de l’établissement en 1998. Le 21 février, une plainte a été déposée contre le Premier ministre pour non-dénonciation de crime et de délit. 

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