Les déchetteries françaises, autrefois accessibles à tous, adoptent des restrictions d’accès pour ne permettre l’entrée qu’aux résidents d’un territoire spécifique, avec pour objectif de diminuer les coûts de fonctionnement en raison de l’augmentation continue des factures de traitement des déchets, rapporte TopTribune. À partir du 1er novembre, le syndicat mixte Valcobreizh, qui dessert 90 000 habitants d’Ille-et-Vilaine, mettra en place un système de badge pour réguler l’accès à ses déchetteries. Ronan Salaün, le président du Smictom, affirme : « Nos habitants payent une redevance. Ce n’est pas normal qu’elle serve à payer pour les autres ». Ce changement fait suite à des exemples de collectivités environnantes, comme Dinan et Fougères, qui avaient déjà instauré des contrôles similaires.
La mise en œuvre de ces restrictions répond à un besoin d’atténuer l’afflux de déchets, qui a augmenté de 6 % en 2023 dans l’ensemble des sites. Des barrières, semblables à celles des discothèques, sont désormais installées, rendant ces lieux de tri plus sélectifs. Les élus de Liffré ont longtemps résisté à ce type de contrôle, mais face à la nécessité de gérer les ressources efficacement, ils n’ont pas eu d’autre choix.
Investissement initial et retour sur investissement
Pour financer ce système, le Smictom Valcobreizh a investi plus de 200 000 euros en matériel et logiciels. Selon Salaün, une réduction d’apports de 5 % pourrait suffire à amortir cette dépense en moins d’un an. Les systèmes de contrôle d’accès ne sont pas nouveaux; la commune de Fougères a commencé cette transition il y a environ dix ans, cherchant à établir une différence entre les particuliers et les professionnels, ces derniers étant tenus de payer un service.
Serge Boudet, président du Smictom du pays de Fougères, souligne l’importance de ces mesures pour obtenir des données statistiques, pouvant ainsi ajuster les horaires d’ouverture et le nombre d’agents présents sur les sites. « Ce n’est pas du flicage, c’est un outil de statistiques », insiste-t-il.
Du côté de Rennes Métropole, des discussions pour l’implémentation d’un système de carte Korrigo sont également en cours, bien que des retards aient été notés dans la mise en œuvre. Les responsables ont précisé qu’un justificatif de domicile pourrait être requis, un élément qui n’a pas toujours été appliqué dans les faits.
Réactions des usagers et risques de dépôts sauvages
Les mesures imposées par les élus ne rencontrent pas toujours l’approbation des habitants. Christophe, un usager, a partagé son fracas en se rendant à la déchetterie de Janzé, où l’accès lui a été refusé. Une passante a dû lui prêter son badge pour lui permettre de déposer ses déchets. Dans certaines localités, le nombre de passages est limité à 18 par an, une mesure qui pourrait inciter certains habitants à abandonner leurs déchets dans des lieux non autorisés, augmentant ainsi le risque de dépôts sauvages, contraires à l’objectif de réduction des déchets affiché par les collectivités.
Avec ces nouvelles restrictions, le syndicat espère encourager les residents à trier et recycler leurs déchets de manière optimale. « Notre intérêt, c’est que nos habitants trient au maximum leurs déchets », conclut Boudet, bien que la complexité de la situation nécessite une attention continue pour éviter que ces mesures ne génèrent des comportements indésirables.