À la COP30, le seuil de 1,5 °C de réchauffement climatique face à l'urgence climatique

À la COP30, le seuil de 1,5 °C de réchauffement climatique face à l’urgence climatique

17.11.2025 06:56
2 min de lecture

« Il est désormais presque inévitable que le réchauffement climatique dépasse 1,5 °C à court terme ». Ces mots, prononcés par James Skea, président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), lors de l’ouverture de la trentième Conférence des parties (COP30) le 10 novembre à Belém, au Brésil, soulignent la gravité de la situation climatique actuelle. Skea a également déclaré qu’il pourrait être « encore possible de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C d’ici à la fin du siècle », rapporte TopTribune.

Les débats autour de ce seuil critique de 1,5 °C sont récurrents parmi les scientifiques et les décideurs. Ce plafond, qui aurait dû être un objectif à éviter, soulève des questions cruciales sur les conséquences d’un dépassement et sur la faisabilité d’un retour à un climat plus stable.

Pourquoi 1,5 °C comme référence ?

La paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte, directrice de recherche au Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et ancienne coprésidente du Giec, souligne que le seuil de 1,5 °C ne doit pas être interprété comme un seuil rigide : « Ce n’est pas ‘en dessous d’un degré et demi, tout va bien, et au-dessus d’un degré et demi, c’est la catastrophe’. Ça a été parfois mal compris, comme s’il y avait un effet de seuil. C’est progressif », explique-t-elle.

Historiquement, la référence des 2 °C a été introduite pour la première fois en 1987 lors d’un groupe de travail à Bellagio, en Italie. À cette époque, 2 °C était considéré comme un risque acceptable par rapport aux températures de ces 120 000 dernières années qui ont permis aux écosystèmes de prospérer. Cependant, l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) a fait pression pour introduire le seuil de 1,5 °C lors de la COP21, soutenant que tout dépassement pourrait entraîner de graves conséquences pour les zones côtières et les écosystèmes vulnérables.

Le seuil de 1,5 °C a-t-il déjà été dépassé ?

Actuellement, le seuil de 1,5 °C est calculé en se basant sur la température globale moyenne sur une période d’au moins dix ans. Bien qu’il n’ait pas encore été officiellement dépassé, la température mondiale a augmenté de 1,24 °C au-dessus des niveaux préindustriels (1850-1900) entre 2015 et 2024, dont une grande partie est attribuable aux activités humaines. En Europe, ce réchauffement est encore plus marqué, atteignant déjà 2 °C, ce qui pose des défis majeurs pour les écosystèmes et les sociétés.

Selon les spécialistes, certaines régions, notamment celles ayant un climat extrême, se réchauffent plus rapidement. Masson-Delmotte note que l’Europe est le continent le plus touché après l’Arctique, notamment en raison de la perte d’enneigement, amplifiant ainsi le réchauffement durant les saisons intermédiaires.

Une étude récente a révélé que 2024 a été l’année la plus chaude enregistrée depuis 1850, avec une température moyenne mondiale de 1,52 °C.

Un retour en arrière est-il possible ?

La question du dépassement du seuil de 1,5 °C soulève des enjeux non seulement climatiques mais aussi politiques. Masson-Delmotte souligne que les engagements actuels des pays ne permettent pas d’anticiper une baisse significative des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2035. Elle met en garde contre l’inaction, affirmant qu’il serait nécessaire de parvenir à la neutralité carbone, voire à des émissions négatives.

Parmi les solutions envisageables, la géoingénierie carbone, qui vise à retirer le CO2 de l’atmosphère, est discutée. Cependant, des méthodes de réduction des émissions, telles que la restauration des forêts et des écosystèmes de mangroves, sont également cruciales. Bien que ces initiatives aient montré leur efficacité, le potentiel de réduction demeure limité.

Les projections concernant l’impact énergétique et économique des stratégies climatiques à long terme restent incertaines, accompagnées des risques de conséquences non désirées. Ainsi, l’urgence d’agir devient de plus en plus pressante et nécessite une mobilisation collective à l’échelle mondiale.

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