Découverte d’un corps après plusieurs mois d’isolement à Agen
A Agen, le corps d’une femme de 74 ans a été retrouvé hier dans son appartement, plusieurs mois après son décès. Ce tragique événement soulève de nouveau la question de l’isolement des personnes âgées, alors que la mairie tire la sonnette d’alarme concernant ces « morts invisibles », rapporte TopTribune.
Le drame s’est déroulé rue des Remparts du Pin, où la victime, laissée à elle-même, a vécu ses derniers mois dans l’oubli, avec une lumière allumée en permanence et une fenêtre ouverte. Les alertes des voisins ont été peu nombreuses, et il a fallu l’intervention des autorités pour découvrir le corps de la septuagénaire, qui était dans un état avancé de décomposition. L’expertise médicale a conclu à une mort naturelle.
C’est un fait similaire qui avait déjà eu lieu cet été, lorsque le corps d’un homme a été retrouvé dans un autre quartier d’Agen, huit mois après son décès. Ces deux événements choquants soulèvent des interrogations sur l’efficacité des mesures de vigilance envers les personnes isolées.
Les voisins, stupéfaits, témoignent d’un sentiment d’impuissance et de tristesse face à ces disparitions silencieuses. Un habitant a exprimé son choc face aux signalements passés, soulignant le paradoxe de mourir seul et d’être oublié.
« Elle est passée sous les radars »
Au sein de la mairie, Baya Kherkhach, adjointe au maire en charge des personnes âgées, s’est montrée émue mais a rapidement alerté sur un problème grave : « Cette dame n’était pas identifiée par nos services. Elle avait moins de 80 ans, donc elle n’était pas dans le dispositif NINAA. Elle vivait chez un bailleur privé, et nous n’avons jamais reçu d’alerte. »
Le dispositif NINAA (Non à l’Isolement de Nos Aînés Agenais) vise les personnes de plus de 80 ans et mobilise divers acteurs locaux pour assurer un suivi. Toutefois, Kherkhach met l’accent sur la nécessité d’une réactivité accrue dans les signalements de détresse.
Des vies suspendues aux prélèvements automatiques
Elle souligne également que la modernité rend l’invisibilité plus facile : « Aujourd’hui, tout est automatique : loyers, factures, téléphones. Tant que les prélèvements sont effectués, il n’y a pas de signe d’alerte. » En ce qui concerne les voisins, beaucoup hésitent à intervenir par crainte de déranger. Pourtant, des détails tels que des volets fermés ou une boîte aux lettres débordante doivent inciter à alerter les services compétents.
Des initiatives citoyennes, réunissant jeunes et membres des conseils de quartier, sont mises en place pour établir un lien avec les personnes âgées, mais la responsable insiste sur le fait que la solidarité de la communauté est cruciale.
Une réalité nationale, un réveil local
En France, on estime à 550,000 le nombre de personnes âgées en situation de « mort sociale ». À Agen, ces drames récents mettent en lumière l’urgence d’agir. Kherkhach appelle à élargir le dispositif aux personnes de plus de 60 ans et à renforcer les réflexes de vigilance dans chaque quartier.
Certains quartiers abritent plus de 130 personnes de plus de 80 ans vivant seules, nécessitant ainsi une attention particulière. Cependant, rue des Remparts du Pin, aucune alerte n’est parvenue aux autorités.
Une alerte qui doit devenir un réflexe
Baya Kherkhach conclut avec fermeté : « Ce n’est pas le signalement qui sauve, c’est sa rapidité. Bien que nous ne puissions éviter toutes les tragédies, chaque alerte permettrait d’en prévenir de nombreuses. » Elle appelle tous les citoyens à s’engager dans cette chaîne de solidarité, car l’isolement est un fléau qui tue dans le silence.