Emmanuel Macron est arrivé au Vietnam, dimanche 25 mai, pour une tournée qui le mènera ensuite en Indonésie, puis à Singapour en ouverture du dialogue de Shangri-La, la principale conférence de sécurité de la région. Il y sera question de défense mais également d’échanges commerciaux. La guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis plongeant les économies d’Asie du Sud-Est dans l’incertitude, le président français espère présenter la France et l’Europe comme une alternative.
Un « partenaire » respectueux et fiable alors que dans le match sino-américain, règne la loi du plus fort. Voici comment le président veut présenter la France, notamment en Indonésie et au Vietnam, deux pays aux perspectives de croissance soutenue, rapporte notre envoyé spécial au Vietnam, Nicolas Rocca.
La première étape de sa tournée a lieu à Hanoï, où le président français est arrivé dimanche, reçu par son homologue vietnamien Luong Cuong et par le secrétaire général du Parti communiste To Lam. Des dizaines de contrats pourraient y être signés entre les deux puissances.
Paris veut s’imposer en troisième voie économique, entre Washington et Pékin
Cette visite au Vietnam a lieu également alors que Hanoï cherche à diversifier ses partenaires économiques. Car le pays, dépendant de la Chine pour ses importations, mais qui exporte majoritairement aux États-Unis, a été frappé par Donald Trump de droits de douane de 46% avant l’annonce de la pause jusqu’à début juillet. Washington accuse Hanoï de servir de plateforme pour l’envoi de produits chinois. Les autorités vietnamiennes, elles, négocient avec les États-Unis.
Dans ce contexte, la France veut incarner une « troisième » voie respectueuse des règles du commerce international, dans un pays coincé entre les prédateurs chinois et américains. Mais le défi est de taille. Avec plus de 7% de croissance, d’importants investissements publics et une diplomatie du bambou qui prône la discussion avec tous, le Vietnam attire les convoitises.
Et la France a un train de retard. Hanoï relance le nucléaire civil pour faire face à ses besoins croissants en énergie. Une opportunité pour le président d’EDF, qui accompagne Emmanuel Macron dans cette tournée. Mais la Russie, le Japon et les États-Unis ont un temps d’avance dans les partenariats avec le pays.
Paris a de grands espoirs sur un autre projet d’ampleur : celui d’une ligne de train à grande vitesse (TGV) entre les deux plus grandes villes, Hanoï et Hô-Chi-Minh-Ville, dans le Sud, soit 1 500 kilomètres de chemin de fer pour un coût de plus de 60 milliards d’euros. Là encore, aucune certitude pour les entreprises françaises, d’autant que la Chine semblait avoir la préférence vietnamienne, il y a quelques mois.
D’autres coopérations sont en discussions dans le domaine de l’énergie, du transport ou du spatial. Mais décrocher une collaboration d’ampleur avec l’économie la plus dynamique d’Asie du Sud-Est marquerait un succès important pour la stratégie indo-pacifique d’Emmanuel Macron.
Le président très attendu aussi en Indonésie et à Singapour
Après cette escale au Vietnam, Emmanuel Macron se rendra à Jakarta pour échanger avec son grand partenaire dans la région, le président indonésien Prabowo Subianto. Il sera question de nucléaire civil, mais aussi de défense, domaine ou la coopération bilatérale est très avancée. L’Indonésie a déjà acheté 42 Rafale à la France, et le président français se voudra rassurant sur les capacités de l’avion de chasse, alors que le Pakistan affirme en avoir abattu plusieurs durant sa récente passe d’armes avec l’Inde.
Rassurant, Emmanuel Macron devra aussi l’être à Singapour. Premier dirigeant européen à être invité à s’exprimer en ouverture du dialogue de Shangri-La, il sera face aux ministres de la Défense de nombreux pays de la zone et sera très attendu sur le dossier ukrainien et le réarmement de l’Europe.