Le traité des eaux de l’Indus négocié sous l’égide de la banque mondiale en 1960 est un traité stratégique puisqu’il répartit les affluents du fleuve Indus entre l’Inde et le Pakistan et régule le partage des eaux. Mais l’Inde est en amont et elle a un pouvoir sur le flux des eaux qui arrivent au Pakistan, dans les provinces du Penjab et du Sind, qui sont considérés comme les greniers à blé du Pakistan.
Près de 80% des terres agricoles dépendent du réseau d’irrigation relié au fleuve Indus. Et l’agriculture est l’épine dorsale de l’économie du Pakistan, elle contribue à 40% à son PIB, emploie près de 40% de la main d’œuvre pakistanaise dans un pays qui compte 240 millions d’habitants.
La suspension du traité signifie que l’Inde peut avoir une incidence majeure sur les vannes fluviales, en construisant par exemple plus de barrages de son côté, plus de canaux qui dévierait les eaux du fleuve avant leur entrée sur le sol pakistanais. Et cela peut avoir un impact déterminant sur la gestion agricole du Pakistan, un pays sur la ligne de front du changement climatique qui est confronté régulièrement à des inondations et fait face à des épisodes de sècheresse à répétition.
La zone himalayenne très touchée
La question des ressources en eau est de plus en plus cruciale dans cette région du monde. « La zone himalayenne est la plus touchée de la planète. Avec l’Arctique, on a des problèmes croissants aujourd’hui de pénurie d’eau. Donc, la gestion de l’eau devient une question absolument urgente », explique Jean-Joseph Boileau, spécialiste de l’Inde à l’Institut de recherches internationales et stratégiques.
Mais selon le chercheur, l’Inde n’est pas réellement en mesure de nuire à l’approvisionnement en eau de son voisin pakistanais. « Cette suspension, c’est une punition pour les deux en réalité. Mais comme c’est à vocation très publique cet ensemble de mesures qui ont été prises, le commun des mortels en Inde, pense qu’effectivement c’est une sanction contre le Pakistan », poursuit-il. Le Pakistan parle d’un acte de guerre, si l’Inde tentait de le priver d’une partie des eaux du fleuve Himalaya.