Le président français doit rencontrer, lundi, au Caire, son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, mais aussi le roi de Jordanie, Abdallah II.
C’est sa quatrième visite officielle en huit ans en Egypte. Emmanuel Macron était attendu au Caire, dimanche 6 avril, en début de soirée, pour une visite de deux jours en compagnie de plusieurs ministres et chefs d’entreprise français. Deux semaines après avoir dénoncé le « retour en arrière dramatique » de la reprise des opérations militaires israéliennes à Gaza, le chef de l’Etat doit rencontrer son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, et se rendre près de la frontière avec l’enclave palestinienne afin de « marquer sa mobilisation constante en faveur d’un cessez-le-feu », selon l’Elysée.
Franceinfo présente les enjeux de cette visite d’Etat, organisée deux mois avant une conférence de l’ONU pour la solution à deux Etats (israélien et palestinien), qui sera coprésidée par Emmanuel Macron et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.
Plaider « l’urgence » d’un retour de la trêve à Gaza
Après une visite privée du nouveau Grand Musée égyptien, organisée dès dimanche soir, Emmanuel Macron doit être reçu, lundi à 9 heures, par le président égyptien, le maréchal autoritaire Abdel Fattah al-Sissi. Il doit évoquer avec son homologue, l’un des médiateurs entre Israël et le Hamas, « l’urgence » d’une reprise du cessez-le-feu dans la bande de Gaza, selon l’Elysée, alors que l’armée israélienne intensifie ses opérations au sol. Le chef de l’Etat entend appeler à ce que les Gazaouis ne soient plus « soumis à la catastrophe humanitaire dans laquelle ils se trouvent et aux frappes israéliennes qui menacent leur sécurité », ainsi qu’à la libération des otages encore retenus par le mouvement islamiste.
Emmanuel Macron et Abdel Fattah al-Sissi participeront ensuite à un sommet trilatéral « en réponse à l’urgence à Gaza » avec le roi de Jordanie, Abdallah II, autre « partenaire indispensable au règlement du conflit », comme l’a fait savoir l’Elysée, dimanche. Il doit notamment y être question du plan arabe pour la reconstruction de Gaza, adopté début mars et présenté comme une alternative au projet de Donald Trump de placer l’enclave sous contrôle américain et d’y faire « le ménage ». « Le plan pour Gaza qui a été fait par les Etats arabes est un élément que nous soutenons », a assuré Emmanuel Macron, le 20 mars. Paris appelle toutefois à le « renforcer » sur « la sécurité » et la« gouvernance » après la guerre. Ce plan, qui met le Hamas à l’écart et prévoit un retour de l’Autorité palestinienne, a été rejeté par Israël et critiqué par les Etats-Unis.
Alerter sur la situation humanitaire à Gaza
Au deuxième jour de sa visite, mardi, Emmanuel Macron se rendra dans la ville égyptienne d’al-Arich, à 50 km de la bande de Gaza, pour « un focus sur les questions alimentaires » dans le territoire, selon son entourage. L’aide humanitaire à destination du territoire palestinien est à l’arrêt depuis le 2 mars, quand Israël a décrété un blocus complet, faute d’accord pour une deuxième phase de la trêve. Par conséquent, « les boulangeries ont dû fermer parce qu’il n’y a ni gaz, ni farine », a rapporté, mercredi, l’ONG Médecins sans frontières sur franceinfo. « Il reste très peu d’aide à distribuer, quelques repas chauds, mais qui ne couvrent pas les besoins aujourd’hui. »
A al-Arich, port qui sert de base arrière pour l’aide destinée à passer par le point de Rafah entre l’Egypte et Gaza, le président français doit rencontrer des membres du personnel d’ONG françaises, des Nations unies, du Croissant-Rouge égyptien, mais aussi probablement des « bénéficiaires » palestiniens de l’action humanitaire, selon l’Elysée. Il « redira l’engagement de la France à poursuivre son soutien humanitaire vers les populations gazaouies » et appellera « à la réouverture des points de passage pour l’acheminement de fret humanitaire à Gaza ».
Emmanuel Macron doit par ailleurs s’entretenir avec des gendarmes français de la mission Eubam déployée à Rafah. En présence notamment de la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, un nouveau protocole d’accord doit également être signé en matière sanitaire avec l’Egypte. Depuis le début de la guerre, Le Caire est impliqué dans le traitement des Palestiniens évacués de Gaza.
Renforcer les liens entre la France et l’Egypte
Lors d’un échange téléphonique, samedi, Emmanuel Macron et Abdel Fattah al-Sissi ont discuté des « relations entre les deux pays » et des « moyens de les renforcer », selon un communiqué de la présidence égyptienne(Nouvelle fenêtre). Ils ont « passé en revue les sujets de coopération les plus importants » qui seront évoqués durant la visite d’Etat du président français. « Cette visite sera l’occasion d’élever notre relation au rang de partenariat stratégique », affirme de son côté l’Elysée.
Une délégation du Medef sera du voyage, dans ce pays où quelque 180 filiales d’entreprises françaises emploient plus de 50 000 personnes, selon le ministère de l’Economie(Nouvelle fenêtre). Des accords sont attendus lundi dans plusieurs secteurs, dont les transports. Abdel Fattah al-Sissi a d’ores et déjà reçu, dimanche, le PDG du groupe français Alstom, Henri Poupart-Lafarge, avec lequel il a évoqué le chantier du métro du Caire et la construction d’un complexe industriel près d’Alexandrie, selon les autorités égyptiennes.
D’autres accords sont annoncés en matière de santé, d’énergies renouvelables, de nouvelles technologies et de coopération universitaire, précise l’AFP. En parallèle, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, doit évoquer la situation en mer Rouge avec son homologue égyptien.