Paris a enregistré, samedi, une valeur inédite pour un 5 avril, avec une pointe à 25,9°C. Cette situation sur une grande partie du pays favorise le bourgeonnement des végétaux, rendus plus vulnérables en cas de gel tardif.
Encore une journée estivale en perspective en ce début de printemps. Le thermomètre doit dépasser de 5,1°C la température moyenne de référence pour un 6 avril, dimanche, selon les calculs de franceinfo réalisés à partir des données de Météo-France. Après un mois de mars légèrement plus chaud que la normale, ces derniers jours sont marqués par un emballement des températures, précipitant la floraison des végétaux et mettant en danger certaines récoltes. Franceinfo revient en trois questions sur les dessous de ce coup de chaud.
A-t-on atteint des records pour un début avril ?
La France hexagonale connaît depuis trois semaines des températures journalières supérieures à la moyenne, pour chaque jour donné, de la période de référence (1971-2000). Les écarts se sont accentués ces derniers jours, surtout dans la moitié nord du territoire. Vendredi, « du Centre jusqu’à la Champagne, plusieurs villes ont dépassé 25°C : 25,3°C à Joigny (Yonne), 25,8°C à Mussy-sur-Seine (Aube), 25,8°C à Villeny (Loir-et-Cher) », a rapporté Météo-France, sur Bluesky (Nouvelle fenêtre).
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A Paris, un pic à 25,9°C a été relevé, samedi, à la station du parc Montsouris, faisant de cette journée le « 5 avril le plus chaud jamais observé dans la capitale, devant les 24°C du 5 avril 1943 », rapporte La Chaîne Météo, sur X (Nouvelle fenêtre). Un tel niveau, « 10 degrés au-dessus de la moyenne climatologique d’un début avril », avait seulement été dépassé le 31 mars 2021, avec un record de 26°C, selon le prévisionniste de Météo-France François Jobard, sur Bluesky (Nouvelle fenêtre). Vendredi, la température moyenne quotidienne a aussi été de 19,2°C, une valeur « digne de juin et inédite si tôt dans la saison depuis le début des mesures en 1873 », a souligné François Jobard, sur Bluesky (Nouvelle fenêtre).
S’agit-il d’une tendance durable ?
Ces températures particulièrement élevées pour cette période s’inscrivent dans un contexte de réchauffement climatique global. En 2024, jamais un mois d’avril n’a été aussi chaud au niveau mondial. En France, avril est même le mois de l’année qui s’est le plus réchauffé au cours de la dernière décennie, selon La Chaîne Météo (Nouvelle fenêtre).
Les températures élevées de ces derniers jours sont à mettre sur le compte d’un anticyclone et d’une situation de « blocage en oméga ». Ce phénomène atmosphérique, qui doit son nom à la forme qu’il prend, similaire à la lettre grecque, « bloque » la circulation atmosphérique à haute altitude et fige pendant plusieurs jours ou semaines les conditions météorologiques.
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Les températures entament toutefois un recul dimanche, sous l’effet d’un « afflux d’air arctique », selon le prévisionniste François Jobard, sur Bluesky (Nouvelle fenêtre). Cette descente d’air froid touchera surtout « le nord et l’est de la France », « augmentant le risque de gel (a priori d’intensité faible), diminuant l’humidité, et donc augmentant l’assèchement superficiel des sols », précise-t-il. Sur son site, Météo-France (Nouvelle fenêtre) confirme un risque, certes « assez limité », de gel sous abri dans le Nord-Est « durant les nuits de lundi et de mardi ». La Chaîne Météo prévoit ainsi 0°C en plaine, lundi matin, à Beauvais (Oise), Colmar (Haut-Rhin), Metz (Moselle) ou encore Romorantin (Loir-et-Cher).
Quelles peuvent être les conséquences de ces chaleurs précoces ?
A travers l’Europe, ces températures élevées « favorisent une floraison très précoce » de nombreux végétaux (cerisiers, abricotiers, pruniers…), qui s’exposent à des « pertes de rendement potentielles liées au gel » en cas de descente d’air froid dans les jours qui suivent, alerte l’agroclimatologue Serge Zaka, sur Bluesky(Nouvelle fenêtre). « Le risque de brûlure végétale sur les arbres en fleur est massif », surtout dans l’est du continent, ajoute-t-il sur Bluesky(Nouvelle fenêtre). Il redoute ainsi « des dégâts agricoles d’une ampleur inédite » en Pologne, en Allemagne et en Autriche.
En France, les bourgeons qui ont éclos en avance « en raison du réchauffement climatique » sont « exposés à tous les dangers climatiques », a détaillé Serge Zaka, vendredi, auprès de Libération(Nouvelle fenêtre). « Lorsqu’il va geler, comme ce sera le cas le matin du 7 avril dans le Nord-Est, des dégâts sont à attendre très localement », illustre-t-il. « Et un arbre qui perd ses fleurs ne va pas en produire de nouvelles derrière : ce sera une année blanche. Il y a également quelques risques de gel pour la semaine du 14 avril. » En 2021, un épisode de gel tardif « avait été la plus grosse catastrophe agricole » de l’année, faisant perdre « des milliards d’euros de rendements » aux agriculteurs.
Depuis le XIXe siècle, la température moyenne de la Terre s’est réchauffée de 1,1°C. Les scientifiques ont établi avec certitude que cette hausse est due aux activités humaines, consommatrices d’énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz). Ce réchauffement, inédit par sa rapidité, menace l’avenir de nos sociétés et la biodiversité. Mais des solutions (énergies renouvelables, sobriété, diminution de la consommation de viande) existent. Découvrez nos réponses à vos questions sur la crise climatique.