Les réactions se multiplient en France après l’envoi d’une lettre de l’ambassade des États-Unis demandant à certaines entreprises françaises si elles avaient des programmes internes de lutte contre les discriminations. Le patron du Medef juge l’initiative « inadmissible », la ministre française chargée de la Lutte contre les discriminations rappelle que « la loi française va continuer à s’appliquer ».
Le patron du Medef Patrick Martin a déclaré, dimanche 30 mars, qu’il était « hors de question » de « renoncer » aux règles d’inclusion dans les sociétés, après une lettre de l’ambassade des États-Unis à plusieurs entreprises françaises, demandant si elles avaient des programmes internes de lutte contre les discriminations, initiative jugée « inadmissible ».
« C’est inadmissible parce que cela traduit une dérive du gouvernement américain, du président américain lui-même, qui veut signifier une emprise sur l’économie mondiale et les valeurs européennes. On ne peut pas s’incliner, nous avons des valeurs, des règles, nous nous devons de les respecter », a insisté Patrick Martin lors d’une interview sur LCI. « Il est hors de question d’y renoncer. »
Plusieurs entreprises françaises ont reçu une lettre et un questionnaire de l’ambassade des États-Unis, que l’AFP a pu consulter, les interrogeant sur l’existence de programmes internes de lutte contre les discriminations, ce qui pourrait les empêcher de travailler avec l’État américain.
La loi française va continuer à s’appliquer, dit Aurore Bergé
« La loi française va continuer à s’appliquer », a affirmé quant à elle la ministre française chargée de la Lutte contre les discriminations, ajoutant : « Elle est au-dessus des ultimatums qui seraient posés par l’ambassade des États-Unis ». « En droit français, il n’y a pas de discrimination positive, par contre, il y a une loi sur l’égalité entre les femmes et les hommes et l’égalité salariale, il y a des droits sociaux qui sont associés », a déclaré Aurore Bergé dimanche sur BFMTV.
« Il y a un principe qui est celui d’un principe de non-discrimination, évidemment, que ce soit la discrimination liée à l’origine ou la discrimination envers les personnes LGBT+ », a-t-elle précisé.
« Les ingérences américaines dans les politiques d’inclusion des entreprises françaises, comme les menaces de droits de douanes injustifiés, sont inacceptables », avait également réagi samedi le ministère français du Commerce extérieur dans un message transmis à l’AFP.
Le Medef prône la fermeté « quant à la réaffirmation de nos intérêts et de nos valeurs »
« Je ne crois pas me tromper en disant que ces entreprises assumeront leurs valeurs », a affirmé Patrick Martin dimanche. « Et autant que possible, l’État et l’Union européenne doivent être en soutien, endiguant en quelque sorte cette décision américaine, qui est funeste. »
Les destinataires du courrier ont été informés du fait que « le décret 14173 », pris par Donald Trump dès le premier jour de son retour à la Maison Blanche pour mettre fin aux programmes promouvant l’égalité des chances au sein de l’État fédéral, « s’applique également obligatoirement à tous les fournisseurs et prestataires du gouvernement américain », comme le montre un document révélé vendredi par Le Figaro, confirmant une information des Échos.
« Bien sûr que l’on avait connaissance de ce décret, mais on n’imaginait pas qu’il serait appliqué avec une forme d’extraterritorialité, comme ça semble être le cas maintenant », a réagi Patrick Martin. « Il ne faut pas mettre de l’huile sur le feu, mais il faut être très ferme quant à la réaffirmation de nos intérêts et de nos valeurs », a t-il poursuivi.
Depuis son retour à la Maison Blanche, le président Trump s’est engagé dans une vaste réforme du gouvernement fédéral, traquant les dépenses publiques jugées de gaspillage ou contraires à sa politique, comme les programmes soutenant la diversité ou de l’inclusion.