Six nations 2025 : le XV tricolore est-il devenu plus populaire que l'équipe de France de football ?
Six nations 2025 : le XV tricolore est-il devenu plus populaire que l'équipe de France de football ?

Six nations 2025 : le XV tricolore est-il devenu plus populaire que l’équipe de France de football ?

14.03.2025
5 min de lecture

En réussite sur le plan sportif depuis plusieurs années, le XV de France jouit d’une popularité inédite, qui le positionne au premier plan dans le sport français.

Un engouement fort, des stades pleins presque dès la mise en vente, des supporters de plus en plus nombreux… En pole position pour aller décrocher le 27e trophée dans le Tournoi des six nations de son histoire, l’équipe de France de rugby est dans une période dorée, de réussite sportive et de reconnaissance. « Le XV de France est devenu très populaire, on a des audiences qui dépassent le football, même si on est le dixième sport en termes de licenciés [plus de 360 000 recensé en mai 2024]. L’équipe de France (de rugby) est la première équipe de France du pays », affirmait ainsi Fabien Galthié avant le début du Tournoi. Le XV de France est-il pour autant devenu l’équipe de France la plus populaire et la plus « bankable » du pays ?

Si la question peut se poser, c’est que l’équipe de France de rugby semble dans une période de grande popularité et se retrouve au premier plan. Dans un baromètre réalisé par l’entreprise britannique d’études de marché Kantar, partagé par la Fédération française de rugby (FFR) fin février, 26,3 millions de Français déclaraient s’intéresser au rugby. Ce suivi se traduit également au niveau des audiences. Depuis le début du Tournoi des six nations, les matchs du XV de France ont rassemblé en moyenne 6,8 millions de téléspectateurs sur les antennes de France Télévisions. Le Crunch à Twickenham début février s’est joué devant une audience de 8,1 millions, tandis que la victoire à Dublin le week-end dernier a été vue par 6,5 millions de téléspectateurs, malgré un horaire de coup d’envoi en plein après-midi.

Un suivi et des audiences au sommet

Pour les spécialistes, cette popularité s’explique avant tout par les résultats sportifs. « La raison numéro 1, c’est que l’équipe gagne » décrypte Frank Hocquemiller, agent d’image et fondateur de l’agence VPI Consulting. « Depuis 2022, l’année du Grand Chelem, on est sur la troisième année que le XV de France est revenu au top niveau. La France fait partie des meilleures nations mondiales, certainement la meilleure nation des Six Nations, on peut en parler après la victoire en Irlande », ajoute-t-il.

Bien installé dans le top 5 des meilleures nations mondiales au classement World Rugby, le XV de France enchaîne ces dernières années les victoires éclatantes (53-10 en Angleterre au Tournoi 2023, trois succès de rang face à la Nouvelle-Zélande entre 2021 et 2024…). « Dans le rugby, on a vécu une belle année 2024, surtout avec les clubs, le Stade Toulousain qui a remporté le championnat et surtout dominé l’Europe, les stades sont pleins, il y a une bonne ambiance », abonde Laurent Martinez, directeur des études chez Kantar Sport.

La passion pour le XV de France est aussi portée par des têtes d’affiche, au premier rang desquelles le capitaine Antoine Dupont, élu meilleur joueur du monde en 2021 et devenu ces dernières années le visage du rugby tricolore. « On a la chance en plus depuis quelques années d’avoir deux visages pour incarner le XV de France, et même peut-être trois : Antoine Dupont et Romain Ntamack évidemment, et aussi un sélectionneur, Fabien Galthié, qui a su, quand il a repris les rênes, repartir presque d’une page blanche pour réécrire une histoire avec une nouvelle équipe, de nouveaux joueurs, de nouvelles méthodes. Force est de constater que ça a fonctionné », explique Frank Hocquemiller.

Antoine Dupont et Romain Ntamack têtes d’affiche plébiscitées

Ce niveau de popularité est surtout assez inédit pour le XV de France, qui n’a jamais été autant sous la lumière. « Honnêtement, ça n’a jamais atteint ce que c’est en train d’atteindre […] Avec cette Coupe du monde en France, même si le résultat n’était pas à la hauteur de nos attentes, ça a mis un coup de projecteur sur le rugby français qui s’est relevé très vite pour aller chercher de nouvelles victoires et de nouveaux objectifs », développe l’agent d’image.

« Quand l’équipe gagne, de manière naturelle, il y a des visages que le public choisit plutôt que d’autres, parce qu’ils dégagent quelque chose, parce qu’ils jouent particulièrement bien, parce qu’ils sont aussi à des postes spécifiques. Ouvreur pour Romain Ntamack et demi de mêlée pour Antoine Dupont, avec les postes d’arrière ou d’ailier ce sont souvent les postes les plus ‘marketing’.Frank Hocquemiller, agent d’image

Sur le plan marketing justement, le rugby français a également pris une nouvelle dimension. Fort de son nouveau contrat avec Adidas, qui permet « la possibilité de commercialiser d’autres espaces à l’arrière du maillot et sur le short » et « un potentiel de revenus additionnels », comme déclarait le président de la FFR Florian Grill en 2023, le XV de France attire. Et ses joueurs aussi. « Antoine (Dupont) et Romain (Ntamack) sont les sportifs français les plus demandés par les marques depuis la Coupe du monde de rugby, tous sports confondus », dévoile Frank Hocquemiller, qui insiste sur la rareté d’avoir « deux sportifs d’une même équipe à ce niveau de notoriété et de marketing »

Exister au plus haut niveau avec les Bleus du foot

Suffisant pour challenger la popularité de l’équipe de France de football, par exemple ? « Dans le baromètre, au niveau du XV de France masculin, on est à 49% d’intérêt, ce qui comprend ‘beaucoup d’intérêt’ et ‘assez d’intérêt’. C’est au même niveau que le football (49%). C’est la première fois que les deux sont au même niveau », dévoile Laurent Martinez.

Comme un symbole, en novembre dernier, le XV de France avait devancé les Bleus de Didier Deschamps à l’audimètre. Le match de la tournée d’automne face au All Blacks avait été suivi par 7,27 millions de téléspectateurs sur TF1 le 16 novembre. Le lendemain, le déplacement de l’équipe de France de foot en Italie pour son dernier match de phase de poule de Ligue des nations avait rassemblé 5,14 millions de téléspectateurs sur la même chaîne, soit une différence de plus d’un million. « Avoir un certain Antoine Dupont égérie du rugby en France, ça aussi ça occupe les esprits. Ça joue, aujourd’hui on voit beaucoup Dupont, et moins de joueurs de foot en avant, par exemple », ajoute Laurent Martinez.

Mais l’équipe de France de football reste dans une catégorie à part. « Le foot reste devant en termes d’attractivité, même si on sait que l’image du foot est souvent moins bien notée que les autres sports », relativise le directeur des études de Kantar Sport. Un avis également partagé par les premiers concernés. « Tout le monde connaît bien les footballeurs. Je ne dirais pas qu’on fait le match, le football a toujours été le sport numéro un. Maintenant, on a surfé sur les JO et la médaille d’or. On voit du monde dans les stades, et nous, ça nous fait plaisir de voir que l’on est suivi », déclarait le deuxième ligne tricolore Mickaël Guillard au Parisien(Nouvelle fenêtre) début février.

D’autant que les dynamiques peuvent aller très vite, rappelle Frank Hocquemiller : « Il va y avoir des grandes échéances pour l’équipe de France de foot avec la Coupe du monde 2026 notamment. Il ne suffit de pas grand-chose pour que les choses tournent. Je ne pense pas que le foot, avec de bons résultats, doit avoir peur du rugby. Je pense que les deux équipes peuvent coexister en haut de la pyramide. »

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