La direction générale de la santé a observé une augmentation récente du nombre de cas dans l’Hexagone, et anticipe une diffusion plus large dans les prochaines semaines.
Les autorités de santé observent une recrudescence des cas de rougeole en France. La direction générale de la santé (DGS) a émis le 7 mars un bulletin à l’attention des professionnels de santé (PDF)(Nouvelle fenêtre), afin de les appeler à renforcer leur vigilance, en raison d’une « augmentation récente du nombre de cas en France ». lls sont invités à détecter les cas au plus tôt, et à mettre en œuvre des mesures de prévention appropriées. La situation est suivie de près car cette maladie est extrêmement contagieuse, ce qui fait craindre une « diffusion plus large sur le territoire national » ces prochaines semaines. Il est également rappelé aux médecins qu’ils doivent signaler les cas aux autorités, puisque la rougeole fait partie des 36 maladies à déclaration obligatoire.
En effet, « c’est le virus ou l’un des virus les plus contagieux qui existent sur la planète. Une personne infectée peut infecter 15 à 20 personnes autour d’elle qui ne seraient pas immunisées », explique à France 2(Nouvelle fenêtre) François Dubos, chef de service des urgences pédiatriques du CHU de Lille. Parmi les raisons ayant déclenché cette alerte, le ministère de la Santé évoque tout d’abord un facteur saisonnier classique, puisque les cas de rougeole sont observés à partir de la fin de l’hiver, avec un pic qui survient habituellement au printemps.
Mais les autorités ont également observé un « risque important de cas importés », en provenance notamment du Maroc et de la Roumanie. Depuis le début de l’année, 13 cas ont été signalés après un séjour au Maroc dans plusieurs régions de France, contre 26 cas l’an passé. « Les moins de 5 ans et les jeunes adultes sont particulièrement touchés » sur ce total. La plupart ont donné lieu à des hospitalisations, avec onze admissions lors du seul mois de janvier. Le Maroc observe une recrudescence de cas depuis septembre 2023, avec 6 300 cas confirmés, mais des augmentations sont également observées dans d’autres pays du monde, comme les Etats-Unis et le Canada.
Les voyageurs qui prévoient de se rendre dans les pays concernés doivent mettre à jour leur statut vaccinal, rappellent les autorités de santé, avec une dose de vaccin ROR pour les nourrissons dès l’âge de 6 mois, et pour les personnes nées avant 1980 non protégés contre la rougeole. Le mois dernier, Santé publique France (SPF) a émis des recommandations(Nouvelle fenêtre) pour les voyageurs et les professionnels de santé, afin de prévenir le risque d’importation de cas.
Une circulation active dans l’Hexagone
Le virus circule activement en France métropolitaine, avec des signalements émis par sept agences régionales de santé (ARS) pour une centaine de cas. Les Hauts-de-France sont notamment concernés avec 46 cas déclarés du 1er janvier au 3 mars. En Auvergne-Rhône-Alpes, huit cas ont été identifiés dans une crèche, donnant lieu à trois hospitalisations, ainsi qu’un autre dans un centre de vacances et deux importés dans une famille. Trois personnes ont été touchées en Bourgogne-Franche-Comté et deux en Provence-Alpes-Côte d’Azur, dans un lycée et chez un professionnel hospitalier en pédiatrie.
Le nombre de cas avait largement diminué durant le confinement lié au Covid-19, et seuls 16 et 15 cas ont été comptabilisés en 2021 et 2022. Le virus a également peu circulé en 2023 (117 cas), mais il a ensuite augmenté au premier trimestre de 2024, où le nombre de contaminations était déjà plus élevé que sur toute l’année précédente. La tendance semble donc se confirmer.
Un taux de vaccination de 95% est nécessaire pour éliminer la rougeole. En France, la vaccination est obligatoire depuis le 1er janvier 2018, avec une première dose à 12 mois et la seconde entre 16 et 18 mois. Une vaccination peut éviter la survenue de la maladie après le contact avec un cas, à condition d’être réalisée dans les 72 heures. La période d’incubation de la maladie dure dix à douze jours et le délai d’apparition de l’éruption cutanée est de 14 jours en moyenne. La première cause de décès est la pneumonie chez l’enfant, et l’encéphalite aiguë chez l’adulte.
Les professionnels de santé sont invités à vérifier le statut vaccinal de leurs patients contre la rougeole, la rubéole et les oreillons, dans « le contexte de recrudescence attendue dans les prochains mois, notamment en lien avec des séjours à l’étranger ».