Salon de l'agriculture 2025 : pourquoi de nombreux départements ont renoncé à participer cette année
Salon de l'agriculture 2025 : pourquoi de nombreux départements ont renoncé à participer cette année

Salon de l’agriculture 2025 : pourquoi de nombreux départements ont renoncé à participer cette année

21.02.2025
4 min de lecture

Les restrictions budgétaires demandées aux collectivités locales ont poussé certaines, comme le Gers, le Lot ou la Dordogne, à faire l’impasse sur un rendez-vous coûteux, dont les règles sont parfois jugées trop strictes.

Ils ne porteront pas leurs couleurs dans les allées du parc des expositions de la porte de Versailles, à Paris. Le Gers, la Haute-Garonne, le Lot, l’Hérault, les Pyrénées-Atlantiques, le Lot-et-Garonne, la Dordogne… Tous ces départements ont renoncé à s’offrir un stand lors du Salon de l’agriculture qui débute samedi 22 février. La raison ? Cette vitrine géante pour les producteurs fait bien souvent les frais des coupes budgétaires demandées par l’Etat aux collectivités territoriales.

Il faut dire que les sommes à dépenser pour participer à ce rassemblement incontournable du monde agricole français sont parfois vertigineuses. Entre la location et la fabrication du stand, le personnel, le transport et les animations, l’addition peut s’envoler à plusieurs dizaines, voire centaines de milliers d’euros, selon les collectivités.

Des économies en période de coupes budgétaires

Le conseil départemental du Lot déboursait ainsi environ 100 000 euros pour participer au salon, rapporte France 3 Occitanie(Nouvelle fenêtre). C’était 130 000 euros pour la Haute-Garonne, 200 000 pour le Gers et la Dordogne et même 300 000 euros pour les Pyrénées-Atlantiques, selon « ici Béarn Bigorre »(Nouvelle fenêtre). « Il faut faire des choix, assurer l’essentiel, notamment l’installation des jeunes ou l’équipement sur les exploitations agricoles », justifie le président du conseil départemental, Jean-Jacques Lasserre. Dans l’Ain, le Conseil départemental a annoncé qu’il ne participerait plus qu’une année sur deux à l’événement, selon Le Progrès(Nouvelle fenêtre).

Face à ces difficultés, les organisateurs assurent ne pas rester les bras croisés. « Ces désistements doivent nous interroger pour l’avenir, car tous les exposants ont des problématiques de budget », souligne Valérie Leroy, directrice du Salon de l’agriculture, à Ouest-France(Nouvelle fenêtre). Elle précise qu’un travail est mené depuis l’année dernière pour « contenir les coûts » pour la location d’une surface ou les prestations techniques nécessaires.

Plusieurs départements montent cependant au créneau contre les conditions jugées « trop restrictives » imposées par le Salon. « Aujourd’hui, l’exigence des organisateurs ne correspond plus à nos valeurs », tacle Serge Rigal, président du conseil départemental du Lot, sur la radio Totem(Nouvelle fenêtre). En cause : de nouvelles règles qui permettent de faire la promotion des brebis de race Caussenarde dans le Hall 1, consacré aux animaux, mais plus, selon lui, d’y proposer par la même occasion du Rocamadour. Avant ce fromage phare, ce sont les noix ou la truffe qui avaient déjà dû être remisées depuis plusieurs années afin de se concentrer sur l’élevage. Or, ce sont les ventes de ces produits qui permettaient de réduire la facture. Un équilibre économique précaire aussi pointé du doigt en Dordogne. « On s’est rendu compte qu’on était très généreux de donner à manger toute la journée à tout le monde pour des retombées assez faibles », assume Germinal Peiro, le président du conseil départemental, à « ici Périgord »(Nouvelle fenêtre).

La place des grandes entreprises questionnée

Il y a fort à parier que la place laissée par ces stands soit investie par de grandes entreprises de l’industrie alimentaire, bien mieux dotées financièrement. « Aujourd’hui, dans le Hall 1, pourtant réservé aux animaux, on voit arriver quelques enseignes internationales comme Jeep, Lidl ou les poulets de Loué », fulmine le président du département du Lot, Serge Rigal, sur Actu Lot(Nouvelle fenêtre).

« Les organisateurs ont d’autres priorités que de promouvoir l’agriculture traditionnelle comme nous le faisons dans le Lot. »Serge Rigal, président du conseil départemental du Lot

à Actu Lot

Cette année, les visiteurs pourront découvrir les stands géants de McDonald’s ou de Lidl. Le distributeur allemand est pourtant visé par une plainte pour « complicité de mauvais traitement envers des animaux » et « tromperie du consommateur » déposée par L214. Elle s’appuie sur des enquêtes de l’association de défense des animaux dans deux élevages porcins situés dans la Sarthe et dans le Finistère, soutenus par Lidl France dans le cadre d’une campagne censée récompenser le bien-être animal.

D’autres absents font également beaucoup de bruit. C’est le cas de Lactalis, le géant des produits laitiers, qui ne sera pas représenté au Salon de l’agriculture 2025, après quatre années de participation, rapporte Le Figaro(Nouvelle fenêtre). En 2024, du fumier avait été déversé sur son stand. Et l’annonce, en septembre, de la réduction de la collecte de lait de l’entreprise en France laissait augurer de nouvelles turbulences contre le numéro un mondial du secteur.

Des alternatives pour présenter ses produits

Si des départements ont donc renoncé à afficher leur logo en gros sur un stand, les producteurs de leurs territoires ne seront pas tous absents pour autant. Les concours agricoles organisés à l’occasion du salon permettent notamment à des agriculteurs et éleveurs de pouvoir se faire une place dans les allées du parc des expositions sans devoir payer un stand.

D’autres collectivités et groupements de territoires permettent également de représenter leurs couleurs locales à Paris. C’est le cas des stands régionaux, comme celui du conseil régional de l’Occitanie, qui pallie l’absence de plusieurs de ses départements, ou celui du Groupement européen de coopération territoriale, qui représentera notamment les Pyrénées-Atlantiques aux côtés des provinces espagnoles d’Aragon et de Navarre. Des associations, comme Excellence Gers, permettront aussi de présenter au public les noisettes, l’armagnac et le foie gras du Gers, même en l’absence du département.

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Dernières nouvelles