La Russie a revendiqué, dimanche, la conquête d’un nouveau village dans la région ukrainienne de Donetsk. L’objectif est de progresser un maximum avant l’hiver et d’arriver en position de force pour d’éventuelles négociations de paix.
L’armée russe semble progresser lentement depuis quelques semaines. Sur le front, les troupes ukrainiennes reculent sur de multiples secteurs dans l’est de l’Ukraine, où les troupes russes avancent. La Russie a revendiqué, dimanche 10 novembre, la conquête d’un nouveau village, celui de Vovtchenka, dans la région ukrainienne de Donetsk (est). Par ailleurs, des milliers de soldats nord-coréens sont, selon Kiev et les Occidentaux, déployés dans la région russe de Koursk. Une stratégie offensive qui s’explique par plusieurs facteurs.
Prendre un maximum de terrain avant l’hiver
De l’avis de nombreux experts militaires, si l’armée russe pousse dans le Donbass en multipliant les offensives ces dernières semaines, c’est d’abord parce qu’elle cherche à profiter de son avantage. Elle veut gagner un maximum de terrain avant l’arrivée de l’hiver, qui aura tendance à geler les sols comme les positions. En octobre, l’armée russe aurait ainsi réalisé ses plus grands gains territoriaux depuis l’été 2022, s’emparant de plus de 400 km² de territoire, selon certains observateurs. Ces pertes n’ont pas été reconnues par les Ukrainiens.
Le chef d’état-major ukrainien, Oleksandr Syrsky, a cependant avoué que la situation sur le front était difficile et qu’il fallait, dans certaines zones, un renouvellement constant des unités pour faire face aux attaques russes. « Conformément aux ordres de leurs chefs militaires, ils tentent de déloger nos troupes et d’avancer, profondément, dans le territoire que nous contrôlons », a écrit le général Syrsky, lundi sur l’application de messagerie Telegram.
Cette stratégie russe serait particulièrement meurtrière : d’après les renseignements britanniques, l’armée russe perdait, en octobre, 1 500 soldats par jour, tués ou blessés. Des chiffres invérifiables puisque les deux camps ne communiquent pas sur leurs pertes. Mais l’armée russe, qui dispose d’un plus grand réservoir humain, n’hésite pas, parfois, à sacrifier des unités entières dans une offensive. L’armée russe se rapproche, donc, de la ville stratégique de Pokrovsk, dont elle a fait son objectif prioritaire et qui lui permettrait d’envisager la conquête totale du Donbass, que Moscou revendique.
Arriver en position de force en cas d’ouverture de négociations de paix
La Russie cherche à conquérir un maximum de terrain pour être en position de force en cas d’ouverture éventuelle de négociations. Cette vision de Moscou a été développée, la semaine dernière, par Sergueï Choïgou, l’ancien ministre de la Défense. Il a incité à ouvrir des négociations ou risquer de voir l’armée ukrainienne se faire submerger. La Russie qui se dit que, peut-être, Donald Trump ira jusqu’à tordre le bras de l’Ukraine pour s’asseoir à la table des négociations. Moscou a, d’ores et déjà, fixé ses conditions, et elles ressemblent clairement à une reddition de l’Ukraine. La Russie revendique les quatre régions annexées, qu’elle ne contrôle pas entièrement, et une sorte de neutralisation de l’Ukraine.
Peser avant l’arrivée de Trump au pouvoir
Mais l’administration Trump n’est pas installée et n’a pas dit clairement ce qu’elle comptait faire dans le dossier ukrainien. Pendant la campagne pour la présidentielle américaine, le président élu a multiplié les menaces de désengagement de l’Alliance atlantique, dont les États-Unis sont le principal contributeur. Il a également dénoncé, à plusieurs reprises, les milliards dépensés par son pays pour aider Kiev, promettant de mettre fin à la guerre en 24 heures. Selon The Washington Post(Nouvelle fenêtre), Vladimir Poutine et Donald Trump se sont téléphoné, jeudi, une conversation au cours de laquelle le futur président américain aurait demandé à son homologue russe de ne pas provoquer d’escalade en Ukraine. Le Kremlin a démenti, lundi, cette information.
En attendant, Moscou fait tout pour insister sur ses supposées volontés. « Nous voyons des signaux positifs », a affirmé le week-end dernier Dimitri Peskov, le porte-parole du Kremlin. Mais dans l’état actuel des choses, rien ne dit que Donald Trump coupera le soutien à l’Ukraine, qui aurait pour première conséquence de renforcer Vladimir Poutine.