L’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer a annoncé mardi que son sous-marin, le Nautile, va poursuivre son activité. Il est l’un des rares submersibles dans le monde à pouvoir descendre aussi profondément avec un équipage à bord.
Le Nautile, sous-marin scientifique et joyau de l’Ifremer, l’Institut français dédié aux océans, va continuer de plonger dans les abysses. Le petit submersible devait achever sa mission en 2025 et finir au garage. Finalement, il continuera au moins jusqu’en 2035, a annoncé l’Ifremer mardi 3 septembre, et c’est grâce à une rallonge de l’État. En 40 ans d’existence, le Nautile a exploré des territoires encore très méconnus. Il est et restera donc un atout majeur pour l’Ifremer et la recherche océanique française.
Le petit sous-marin jaune peut descendre jusqu’à six kilomètres de profondeur, là où la lumière ne traverse plus l’eau, où il fait nuit noire et où la pression est de 600 kilos par cm². Pierre-Marie Sarradin, chercheur à l’Ifremer, spécialiste des écosystèmes marins profonds a plongé 11 fois à bord du Nautile : « Déjà, il faut imaginer qu’on met trois personnes dans une sphère qui fait à peu près 2m20 de diamètre. C’est un petit espace. La première plongée, on n’est pas complètement rassuré mais on est tellement excité par ce sentiment d’être un explorateur qu’on oublie un peu cette petite angoisse ».
Des avantages par rapport aux robots
Le submersible offre aux scientifiques un privilège rare aux chercheurs. Seuls cinq appareils dans le monde (en France, aux États-Unis, en Chine, au Japon et en Russie) peuvent descendre à de telles profondeurs avec un équipage. « La partie nautile va nous permettre d’être physiquement présent, alors qu’avec les robots, on est présent à distance, à travers un écran. La vision directe est quand même importante puisque ça nous donne vraiment cette notion d’échelle, cette notion de troisième dimension. Ça n’amène pas du tout la même perception », explique Pierre-Marie Sarradin.
Par rapport à un robot, le Nautile est également plus maniable et il peut transporter de plus gros échantillons pour étudier au mieux les abysses et leurs écosystèmes méconnus autour des sources hydrothermales marines. L’objectif, selon le chercheur de l’Ifremer, est d’arriver à identifier des applications très concrètes.
« Il s’agit de comprendre comment l’océan fonctionne, comment ces écosystèmes fonctionnent ».Pierre-Marie Sarradin, chercheur à l’Ifremer
à franceinfo
« Pour les sources hydrothermales, on s’aperçoit que ce fluide hydrothermal est enrichi en métaux qui deviennent rares et qui sont très utiles pour le développement de nouvelles technologies. Ces grands fonds marins peuvent donc potentiellement apporter une nouvelle ressource qu’il serait impossible d’étudier seulement depuis la surface », analyse Pierre-Marie Sarradin. Il a également l’espoir de découvrir de nouvelles molécules avec de potentielles applications médicales.
Le Nautile qui a exploré l’épave du Titanic de 1987 à 1998, colmaté les fuites d’un pétrolier naufragé au large de l’Espagne au début des années 2000, a aussi participé aux recherches des débris du vol Rio-Paris dans les profondeurs de l’Atlantique.