Embouteillage promis dans les librairies : la rentrée littéraire démarre fort dès mercredi 14 août, avec une pléthore de titres qui vont lutter pour trouver leur place sur les étals. Marquée par les guerres en Ukraine et à Gaza, la stagnation du pouvoir d’achat, les bouleversements politiques et les Jeux olympiques, l’année est globalement mitigée jusqu’ici pour les libraires.
Pas pour La Nouvelle Librairie, dans le centre d’Orléans, qui, interrogée par l’AFP, se félicite d’une « bonne dynamique » et de « l’engouement, la demande de conseils » dans ses rayons littérature.
Ce retour de vacances est chargé. Des titres phares de cette rentrée paraissent dès mercredi, comme Tenir debout de Mélissa Da Costa, la romancière numéro un des ventes en France, qui parle d’amour face au handicap, Jacaranda de Gaël Faye, qui évoque encore le Rwanda, huit ans après son best-seller Petit pays, ou Frapper l’épopée d’Alice Zeniter, écrit en Nouvelle-Calédonie.
Autres poids lourds de cette rentrée, Jour de ressac de Maylis de Kerangal, enquête policière au Havre, et Houris de Kamel Daoud, sur les violences en Algérie, paraissent le 15 août.
« Superstition presque »
Les 21 et 22 août, c’est l’avalanche : une centaine de romans paraissent en seulement deux jours. Il y a celui, inévitable, d’Amélie Nothomb, L’Impossible retour, récit de voyage au Japon. Pour la Belge, c’est la 32e rentrée littéraire consécutive, « par habitude, par superstition presque », dit-on chez son éditeur Albin Michel. Le record n’est pas près d’être battu.
Des noms familiers aux lecteurs adeptes de l’actualité littéraire reviennent, comme Claudie Gallay (Les Jardins de Torcello), Abel Quentin (Cabane), Maud Ventura qui publie un second roman, Célèbre, après Mon mari, Philippe Jaenada (La désinvolture est une bien belle chose) ou Emma Becker (Le Mal joli).
Ces quelque 100 titres qui débarquent en 48 heures, « oui, ça fait beaucoup. Peut-être un peu trop les mêmes auteurs, alors qu’il y a tellement d’écrivains prometteurs dont on ne parle pas assez », souligne-t-on à La Nouvelle Librairie. « On met en avant nos coups de cœur. Notre rentrée est axée sur les livres qu’on a lus, qui nous inspirent, parce que nos clients recherchent un conseil personnalisé ».
« Ne pas trop publier »
En juin, le Syndicat de librairie française a appelé les éditeurs à « une baisse drastique » du nombre de sorties. Ce repli est enclenché, quoique lent. La rentrée littéraire 2024, d’août à octobre, se compose de 459 romans, le total le plus faible du XXIe siècle, contre 466 en 2023, et 490 en 2022.
« On a tous envie de ne pas trop publier », plaidait en juin, lors d’une présentation de la rentrée littéraire avec le magazine Livres Hebdo, le patron des éditions Stock, Manuel Carcassonne.
Et pour cause, complétait son confrère des éditions Grasset, Olivier Nora, « il faut savoir qu’un premier roman en France aujourd’hui se vend aux alentours de 800 exemplaires » en moyenne.
Début août, le quotidien Les Echos a relayé les témoignages d’éditeurs de romans étrangers qui peinent encore plus. « Certains genres qui ont le vent en poupe, comme le manga ou la romance, prennent parfois plus de place sur les étals, au détriment de la littérature étrangère qui se vend d’autant moins », relevait le directeur éditorial d’Actes Sud, Manuel Tricoteaux.
Les traductions de l’anglais dominent ce marché. L’Irlandais Colm Toibin (Long Island) et l’Américain James Ellroy (Les Enchanteurs, en septembre) seront parmi les têtes d’affiche.