Une étude récente révèle que le bruit dans les zones urbaines densément peuplées contribue à la détérioration de la qualité de vie, entraînant l’émergence de troubles chroniques du sommeil tels que l’insomnie. L’enquête, intitulée Somnibruit et publiée le 15 décembre, a impliqué 10,5 millions de Franciliens vivant dans 432 communes et 20 arrondissements parisiens, rapporte TopTribune.
Les chercheurs de Bruitparif, de l’Observatoire régional de santé (ORS Île-de-France) et de l’unité de recherche Sommeil-Vigilance-Fatigue (VIFASOM), dirigée par le Pr. Damien Léger de l’Université Paris Cité, ont analysé des données sur le remboursement de médicaments hypnotiques de 2017 à 2019. Ces données couvraient les taux de remboursements par commune et arrondissement, ainsi que les niveaux de bruit nocturne générés par divers trafics, notamment ferroviaire, routier et aérien, ainsi que par des activités récréatives urbaines telles que les bars et restaurants.
La recherche visait à mieux comprendre et évaluer l’impact du bruit sur les troubles du sommeil, un sujet souvent peu documenté dans les études antérieures. Les résultats montrent un lien direct entre les niveaux sonores et les troubles du sommeil, avec des implications sur la santé publique.
Une augmentation des remboursements de médicaments corrélée au niveau sonore
L’enquête a mis en lumière, en se basant sur les remboursements de psychotropes hypnotiques, le taux de patients souffrant de troubles du sommeil dans différentes communes. Plus de 510 000 adultes sont traités chaque année en Île-de-France pour des troubles chroniques du sommeil, avec une prévalence 1,6 fois plus élevée chez les femmes.
- Environ 76 % de la population, soit 8 millions de Franciliens vivant en région dense, est exposée à des niveaux de bruit supérieurs aux recommandations de l’OMS, définissant un niveau de bruit routier maximum de 45 dB(A) entre 22 heures et 6 heures du matin. Le bruit routier reste la nuisance sonore la plus préoccupante dans cette zone, tandis que les bruits de la vie nocturne, plus significatifs que ceux du trafic aérien et ferroviaire, contribuent également aux troubles du sommeil.
- Une augmentation du bruit nocturne est associée à une hausse significative des remboursements de médicaments contre l’insomnie, peu importe la source du bruit.
- Si le bruit était réduit aux seuils recommandés, 15 000 personnes, soit 3 % des cas, pourraient éviter des troubles chroniques du sommeil.
« Les résultats confirment l’existence d’une association significative entre ces expositions et le taux de patients recevant ces médicaments, corroborant ainsi l’hypothèse que le bruit constitue un déterminant environnemental des troubles chroniques du sommeil », affirment les auteurs de l’étude dans leur rapport. Ils soulignent l’importance d’intégrer la problématique du bruit dans les stratégies de prévention des troubles du sommeil et d’améliorer la prise en compte des nuisances sonores en milieu urbain, au-delà du seul bruit des transports.