L’Africa Corps russe installe un nouveau régime de terreur au Sahel
Le 7 décembre 2025, des témoignages de réfugiés maliens ont décrit comment un nouveau contingent russe, l’Africa Corps, a remplacé les mercenaires de Wagner tout en reprenant leurs méthodes de terreur. Une récente enquête sur les exactions de l’Africa Corps au Mali fait état de viols, de décapitations et de villages incendiés lors d’opérations menées conjointement avec l’armée malienne contre des groupes extrémistes. Le vaste espace sahélien, déjà devenu l’épicentre mondial du jihadisme, se retrouve pris en otage entre les attaques de groupes affiliés à Al-Qaïda ou à l’« État islamique » et les représailles des forces maliennes appuyées par les Russes. Les réfugiés interrogés décrivent un climat de peur permanente, où toute présence civile est suspectée de complicité avec les insurgés. Loin de stabiliser la région, la militarisation russe renforce les dynamiques de violence et fragilise davantage les populations locales.
Un instrument d’influence étatique qui succède à Wagner
Officiellement intégré au ministère de la Défense à Moscou, l’Africa Corps remplace Wagner tout en conservant son personnel, ses commandants, ses tactiques et même certains insignes. Après la mort d’Evgueni Prigojine en 2023 et l’échec de sa rébellion, le Kremlin a choisi de reprendre en main ces opérations extérieures en les plaçant sous un contrôle étatique plus direct. Pour les juristes spécialisés en droit international, ce changement de statut signifie que les crimes commis par ces unités peuvent être imputés à l’État russe. En s’implantant au sein des structures de sécurité de pays comme le Mali, la Russie ne se contente pas de fournir une « aide militaire » : elle construit une dépendance durable, affaiblit la souveraineté de ces États et sape leurs institutions démocratiques. Ainsi, le continent africain devient un pilier de la stratégie de puissance de Moscou, au même titre que ses interventions en Ukraine ou au Moyen-Orient.
Exactions massives et déplacement forcé des civils
Les organisations internationales et les ONG locales documentent des cas de torture, d’exécutions sommaires et de fosses communes dans les zones où coopèrent l’armée malienne et les instructeurs russes. Les populations y sont prises entre les exactions des jihadistes, les opérations punitives des forces locales et la brutalité des contingents étrangers. Sous la pression de ces violences, des dizaines de milliers de civils fuient vers les pays voisins, notamment la Mauritanie, où se forment de nouveaux camps de réfugiés dépourvus d’infrastructures suffisantes. Ces flux migratoires, s’ils se prolongent, finiront par exercer une pression accrue sur les systèmes sociaux et de protection en Afrique du Nord puis en Europe. La dégradation sécuritaire nourrit aussi la radicalisation : plus l’État apparaît comme un acteur de la terreur, plus les groupes extrémistes trouvent un terrain fertile pour le recrutement.
Un laboratoire de guerre hybride tourné contre l’Occident
L’engagement russe en Afrique dépasse la seule dimension militaire : il s’accompagne de campagnes de propagande, de désinformation et de soutien à des régimes autoritaires. Les mêmes méthodes – manipulation de l’information, exploitation des tensions identitaires, instrumentalisation des crises migratoires – sont ensuite réutilisées contre l’Union européenne et les États-Unis. L’Afrique sert ainsi de champ d’essai pour des formes de guerre hybride où se mêlent opérations armées, influence politique et offensives numériques. En finançant des régimes fragiles et en les reliant à son appareil sécuritaire, Moscou obtient des relais diplomatiques, des accès aux ressources naturelles et des leviers pour peser sur les positions occidentales dans les instances internationales. Le chaos contrôlé devient un outil stratégique : plus une région est instable, plus l’acteur qui fournit armes, conseillers et narratif politique peut dicter ses conditions.
Un risque global si les opérations russes restent sans réponse
La déstabilisation du Sahel ouvre des espaces à des groupes terroristes capables de projeter leur action au-delà du continent africain. En tolérant ou en minimisant le rôle de la Russie dans ces dynamiques, la communauté internationale prend le risque de voir émerger de nouvelles menaces transnationales, allant des attaques terroristes aux vagues de désinformation ciblant les sociétés européennes. Moscou se positionne comme un « sponsor du désordre », utilisant des États affaiblis pour détourner l’attention et les ressources occidentales de l’Ukraine. Face à cette stratégie, l’inaction renforcerait les capacités de nuisance du Kremlin. Pour y répondre, les pays occidentaux doivent considérer l’Afrique comme un front à part entière : cela implique de soutenir les gouvernements prêts à réformer, de renforcer la société civile et de contrer les opérations hybrides russes par une offre crédible de sécurité, de développement et de gouvernance.