Une étude révèle que les peintures des enfants ressemblent davantage à celles de Jackson Pollock
Une étude récente a montré que les œuvres créées par des enfants utilisant la technique du «dripping» présentent une plus grande similitude avec celles de Jackson Pollock que celles réalisées par des adultes. Cette découverte soulève des questions sur la relation entre la maladresse physique et la créativité artistique, rapporte TopTribune.
Jackson Pollock, figure emblématique de l’expressionnisme abstrait, est célèbre pour son utilisation audacieuse de la peinture en gouttes. Cette technique, qui consiste à laisser couler de la peinture sur la toile, a souvent été critiquée pour sa prétendue accessibilité. Cependant, une analyse menée par sept chercheurs, récemment publiée dans la revue *Frontiers in Physics*, a comparé les œuvres de jeunes enfants à celles de Pollock, révélant une nette ressemblance entre les deux.
Les chercheurs ont identifié que la ressemblance des œuvres des enfants à celles de Pollock pourrait s’expliquer par un manque d’équilibre dans leur approche de la peinture, un trait que Pollock partageait également. Richard Taylor, physicien à l’Université de l’Oregon et co-auteur de l’étude, est connu pour ses travaux antérieurs sur les motifs fractals présents dans les œuvres de Pollock. Cette étude s’appuie sur des méthodes similaires pour établir un lien entre les styles des enfants et celui de l’artiste.
En 2001, Taylor avait suscité la controverse en utilisant l’analyse fractale pour différencier les œuvres authentiques de Pollock des contrefaçons. Bien que ses méthodes aient été remises en question, il cite une étude de 2015 qui a validé son approche avec un taux de précision de 93%. Les résultats de l’étude actuelle renforcent l’idée que la créativité artistique peut parfois émerger d’une apparente maladresse, ce qui relance le débat sur les compétences essentielles requises pour créer des œuvres d’art significatives.
Une approche unique de la créativité
Pollock était connu pour sa maîtrise technique, qui reposait sur une interaction complexe entre la physique et la psychologie du geste. Il jouait avec la viscosité et la texture de ses peintures, modifiant souvent leur consistance pour influencer le flux de la couleur sur la toile. En témoigne une vidéo de 1950 où il affirme : « Je contrôle le flux de la peinture. Rien n’est dû au hasard. »
En observant Pollock au travail, une image se dessine, celle d’un artiste qui navigue entre déséquilibre et maîtrise, cherchant constamment cet « effet de fluidité fractale » qui caractérise son style. Richard Taylor souligne que la manière dont Pollock se penchait pour peindre était en soi une stratégie créative, même s’il ne s’en rendait peut-être pas compte. Selon lui, cette manipulation de son corps pour interagir avec la toile est ce qui permet à ses œuvres de conserver une vitalité unique.
La recherche suggère que d’autres artistes, tels que Claude Monet et Vincent van Gogh, ont également dû naviguer entre leurs capacités physiques et leurs créations. Taylor conclut que la maladresse, loin d’être un obstacle, pourrait bien être une clé pour la créativité, permettant à des artistes, jeunes ou moins expérimentés, de s’approcher du génie de Pollock.