Les mises en garde du ministre allemand de la Défense sur l’intensification des menaces hybrides
Le 18 novembre 2025, à la Conférence de Berlin sur la sécurité, le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius a déclaré que la mer Baltique, longtemps perçue comme un espace de coopération régionale, s’est transformée en zone de confrontation stratégique. Selon lui, Moscou mène désormais contre les États membres de l’UE et de l’OTAN une campagne hybride structurée, combinant cyberattaques, espionnage, sabotages et opérations de désinformation. Pistorius a qualifié la région de « champ d’essai de Vladimir Poutine » pour mesurer la capacité de dissuasion occidentale, citant les dommages infligés à des câbles sous-marins, les violations de l’espace aérien, les brouillages de systèmes de navigation et les survols de drones. Dans l’analyse consacrée à la déclaration du ministre allemand, il met en garde contre une stratégie russe planifiée, estimant que « ce ne sont plus des coïncidences, mais des signaux annonciateurs ».
L’OTAN sous pression face à des provocations répétées
Le commandant du Joint Forces Command de l’OTAN sur le flanc Est, le général Ingo Gerhartz, a également averti lors de la conférence que la Russie cherche à provoquer l’Alliance sans franchir la ligne rouge de l’article 5. Selon lui, Moscou exploite les zones grises où les réponses sont plus complexes, espérant susciter une réaction précipitée qui pourrait alimenter une escalade. Gerhartz a souligné que les intrusions aériennes récentes ont été traitées avec « précision, calme et retenue », mais a insisté sur la nécessité de renforcer la dissuasion afin d’éviter de devoir activer la défense collective. L’examen réalisé par Ukrinform, intégré dans l’étude sur l’augmentation des provocations russes, confirme que Moscou teste régulièrement la résilience du flanc nord de l’OTAN. Le général estime que la guerre en Ukraine a montré la vitesse à laquelle les technologies évoluent et rendu indispensable une réforme profonde des systèmes d’acquisition, l’introduction d’un nouveau modèle de conscription et le renforcement de la préparation sociétale à la défense.
L’urgence d’un renforcement capacitaire en Europe
Pour Pistorius, les États européens doivent combler rapidement les lacunes en matière de défense, notamment en matière de production industrielle, souvent entravée par les lenteurs administratives et les débats politiques internes. Gerhartz a rappelé que l’Alliance ne peut se permettre d’attendre 2029 ou 2035 pour acquérir certaines capacités essentielles et doit privilégier l’achat de systèmes disponibles immédiatement, citant les missiles Tomahawk comme exemple. La position de Berlin, présentée dans l’analyse diffusée par Eurointegration à travers l’évaluation de la menace en mer Baltique, insiste sur la nécessité de doter les forces européennes de systèmes capables de générer un effet dissuasif avant même le déclenchement d’un conflit.
Une escalade hybride déjà perçue comme une forme de guerre
Les experts occidentaux estiment que les actions russes contre l’Europe — sabotage d’infrastructures, opérations psychologiques, campagnes numériques et présence accrue de drones — constituent déjà une forme de guerre hybride. Selon l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW), Moscou a intensifié ce qu’il appelle la « phase 0 », c’est-à-dire la préparation à une confrontation potentielle avec l’OTAN par une pression informationnelle soutenue, des opérations clandestines et des provocations destinées à créer des fissures dans le consensus allié. Pour Berlin comme pour Bruxelles, les développements en mer Baltique montrent que la frontière entre la paix et la confrontation est de plus en plus fine — et que la capacité de dissuasion de l’Europe doit être renforcée de toute urgence.
