Orban consolide son emprise sur la justice hongroise
Orban consolide son emprise sur la justice hongroise

Orban consolide son emprise sur la justice hongroise

31.10.2025 09:15
2 min de lecture

Depuis 2010, le gouvernement de Viktor Orbán a progressivement mis en place un système de contrôle centralisé sur le pouvoir judiciaire, compromettant l’indépendance des tribunaux et la transparence du processus électoral. La nomination d’András Zs. Varga à la tête de la Kúria (Cour suprême) en 2020, rendue possible par une réforme législative sur mesure, a marqué un tournant. En 2022, le Conseil national de la magistrature a constaté des irrégularités dans plusieurs nominations, confirmées par des documents publiés par le Comité Helsinki.

Bruxelles alerte sur l’érosion de l’État de droit

Le rapport 2025 de la Commission européenne sur l’État de droit souligne une chute de la perception d’indépendance de la justice en Hongrie, tant parmi les citoyens que les entreprises. Le commissaire européen à la justice, Michael McGrath, a averti en juillet que cette tendance menace directement la tenue d’élections libres et équitables. Bruxelles estime que la concentration des pouvoirs judiciaires fragilise les contre-pouvoirs et renforce l’influence politique du Fidesz.

Réformes administratives et risques électoraux

Les tentatives répétées du gouvernement de créer une justice administrative parallèle, notamment entre 2018 et 2019, visaient à placer sous contrôle des litiges sensibles comme les élections, les marchés publics ou les libertés de réunion. Malgré les critiques de la Commission de Venise, Budapest a maintenu des mécanismes permettant une ingérence politique dans ces affaires. En juillet 2024, la Cour constitutionnelle a annulé une décision de la Kúria sur le scrutin municipal de Budapest, illustrant l’instabilité juridique entourant les contentieux électoraux.

Corruption et réseaux d’influence

L’affaire dite « Schadl-Völner » a révélé un système de corruption impliquant le vice-ministre de la Justice Pál Völner et le président de la Chambre des huissiers, György Schadl. Selon l’enquête, Völner aurait perçu plus de 211 000 € en liquide en échange de nominations favorables, démontrant la porosité entre intérêts politiques et judiciaires. Des témoignages évoquent également des pressions exercées sur des juges récalcitrants via la hiérarchie administrative des tribunaux.

Atteintes à la liberté de la presse

Les tribunaux hongrois ont à plusieurs reprises limité la liberté des médias en invoquant la protection de la vie privée. En 2019, la Kúria a jugé que le gendre du Premier ministre, István Tiborcz, n’était pas une personnalité publique, interdisant la publication d’une interview sans son accord. En 2020, le magazine Forbes Hungary a dû retirer un numéro pour les mêmes raisons, et d’autres médias ont été censurés au nom du RGPD, une dérive dénoncée par les ONG internationales.

Une menace directe pour les élections

L’ensemble de ces pratiques — pressions disciplinaires, nominations partisanes, restrictions médiatiques — montre la mise sous tutelle progressive du système judiciaire par le pouvoir exécutif. En limitant les recours indépendants et en orientant l’application des décisions, le gouvernement d’Orbán dispose d’un levier pour influencer le résultat des scrutins. L’indépendance de la justice n’est plus une question d’image, mais une condition essentielle à la survie des élections libres en Hongrie.

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Dernières nouvelles

À NE PAS MANQUER