À Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines, Frédéric Juge, un kinésithérapeute renommé, fait face à des accusations lancées par la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM). Établi depuis 1990 dans une zone à pincement escarpé, il est confronté aujourd’hui à une demande croissante qui l’a poussé à adopter des méthodes de travail controversées, rapporte TopTribune.
Un expert soumis à une forte pression
Depuis plus de trois décennies, Frédéric Juge exerce à Mantes-la-Jolie. À 62 ans, il a déménagé dans de nouveaux locaux en 2019 pour mieux satisfaire les attentes de sa clientèle. Toutefois, la CPAM conteste l’intensité de son activité et menace de le déconventionner si sa cadence ne ralentit pas, en évoquant des accusations de pratiques frauduleuses. Un courrier de la Sécurité sociale, reçu début octobre, lui demande de restituer plus d’un million d’euros pour une durée de cinq ans, illustrant des facturations jugées excessives.
Au quotidien, il prend en charge entre 150 et 160 patients, souvent sept ou huit simultanément, ce qui ne respecte pas les trente minutes par patient imposées par la législation, se limitant normalement à environ vingt-cinq actes au quotidien. Malgré cette charge, il souligne que « la demande est vraiment forte » et qu’il lui arrive parfois de devoir refuser des consultations.
Des approches innovantes sous les projecteurs
Pour gérer cette affluence inédite, Frédéric Juge a introduit des machines permettant aux patients d’effectuer leurs exercices de manière autonome, tout en étant sous sa supervision. Selon lui, ces outils « optimisent les séances sans altérer la qualité ou l’efficacité des soins ». De surcroît, il est assisté par une personne dédiée à la gestion et à l’accueil, facilitant ainsi l’organisation de son emploi du temps.
Cependant, cette méthode est fortement critiquée. Pascale Mathieu, présidente du conseil de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes, déclare : « Il est essentiel d’être attentif à nos patients et de les accompagner. Les consulter brièvement puis les laisser travailler seuls n’est pas la bonne approche. » La CPAM a également décidé de saisir le Conseil de l’Ordre pour examiner la situation.
Une défense inflexible
Face à ces accusations sévères, Frédéric Juge reste fermement convaincu de sa position. Il refuse catégoriquement de rembourser la somme exigée par la CPAM, anticipant que l’affaire se rendra très probablement devant les tribunaux. Sa réputation auprès de ses patients reste intacte, et la demande pour ses services ne faiblit pas, malgré les critiques qui l’entourent.
De nombreux autres kinésithérapeutes s’interrogent sur la viabilité d’un tel rythme : « Franchement, recevoir autant de patients par jour, c’est un exploit », admet un confrère. Pourtant, Frédéric Juge persiste avec ses méthodes novatrices, qui visent à responsabiliser davantage les patients à l’aide de la technologie.