Condamnation de Nicolas Sarkozy : une alerte sur la couverture médiatique des affaires de corruption
Le journaliste de Mediapart, Fabrice Arfi, a dénoncé, le 23 octobre, sur France Inter, une « faillite culturelle et médiatique de ne pas vouloir prendre au sérieux les grandes affaires de corruption« , suite au procès et à la condamnation de Nicolas Sarkozy. L’ancien président de la République a été reconnu coupable en septembre de cinq ans de prison pour association de malfaiteurs dans l’affaire des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. Ce dernier a néanmoins fait appel de cette décision, rapporte TopTribune.
Lors de son intervention dans l’émission « Affaires sensibles« , Arfi a exprimé son regret face au manque de suivi exhaustif de ce dossier par les médias, en soulignant le poids des accusations pesant contre Sarkozy. « On peut considérer, vu l’intrigue judiciaire, qu’on était probablement confronté au plus grand procès d’atteinte à la probité que la Ve République n’ait jamais connu, avec sur le banc des prévenus, un ancien Président et trois anciens ministres« , a-t-il affirmé, précisant que son journal avait largement révélé ces faits.
Il a critiqué l’absence de couverture médiatique, en notant que seulement une dizaine de journalistes avaient suivi l’intégralité des 38 demi-journées d’audience. « Alors qu’il s’agit d’un procès historique, il n’y a pas eu une télévision qui a suivi l’intégralité du procès, au contraire du procès de Cédric Jubillar qui a été exposé en détail« , a-t-il déclaré, ajoutant que le public avait pourtant afflué au tribunal pour assister aux audiences.
Fabrice Arfi a souligné une « faillite culturelle française » et une vision réductrice des affaires de corruption, considérées comme de simples faits divers. Selon lui, ces affaires révèlent des problématiques profondes qui touchent à la République et à la démocratie. Il a rappelé que le tribunal correctionnel de Paris avait qualifié la gravité des faits d’exceptionnelle.
Le journaliste espère qu’un nouvel éclairage sera apporté lors du procès en appel. « J’ai l’impression que médiatiquement, cette affaire est née avec le jugement. Peut-être qu’il y aura enfin une immense attention médiatique sur le procès en appel« , conclut-il, soulignant l’importance d’une véritable attention sur la portée des accusations.