Budapest défie Washington sur le pétrole russe
Budapest défie Washington sur le pétrole russe

Budapest défie Washington sur le pétrole russe

21.10.2025 14:35
2 min de lecture

Le 26 septembre 2025, à l’issue d’un échange récent avec le président américain Donald Trump, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a fermement rejeté l’appel de Washington visant à mettre fin aux importations de pétrole russe. Selon Angela Millet et al., « La Hongrie n’a aucune intention de renoncer aux ressources énergétiques russes bon marché ».

Une réponse cinglante à l’intérieur de l’OTAN

Lors de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies, Trump avait lancé un message limpide : « Les alliés de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord ne peuvent plus financer la guerre de la Russie par l’achat de son pétrole. » En réponse, le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, a déclaré que la réalité géographique empêchait Budapest de renoncer aux ressources russes. Ce dialogue montre clairement que la Hongrie ne se conforme pas à la ligne américaine, affichant un « doigt d’honneur » diplomatique difficile à interpréter autrement.

Une stratégie énergétique ancrée dans la dépendance

Malgré les appels occidentaux à la diversification, Budapest persiste dans sa dépendance : la majorité de son pétrole est toujours acheminée via le pipeline Druzhba, et l’opérateur croate JANAF peut acheminer jusqu’à 14,3 millions de tonnes via l’Adriatic Pipeline, soit plus que la consommation annuelle des raffineries hongroises. L’inertie est confirmée par les récents propos du ministre hongrois à Moscou : la Hongrie importe encore la majorité de son pétrole russe.

Un défi à l’unité européenne et transatlantique

La position de Budapest fragilise la cohésion de l’UE. Les experts du German Marshall Fund et du Atlantic Council affirment que le contrat hongrois avec Moscou contribue à miner la solidarité énergétique européenne et procure à la Russie des milliards d’euros de recettes, renforçant indirectement son effort de guerre contre l’Ukraine.

Vers une confrontation énergétique plus large

Alors que l’UE, le 20 octobre 2025, a approuvé une feuille de route pour éliminer progressivement les importations de gaz et de pétrole russes d’ici 2028, elle a prévu des flexibilités pour les États enclavés comme la Hongrie. Toutefois, si Budapest persiste à s’appuyer sur le flux russe, elle s’expose à des mesures tarifaires ciblées voire à des actions unilatérales de Bruxelles, ce qui pourrait déclencher un choc économique pour le pays.

Le pari affiché de Budapest auprès de Moscou

En esquivant l’ordre américain, Orban s’inscrit dans une posture de défi vis-à-vis de l’Occident et de rapprochement stratégique avec Vladimir Poutine. Cette alliance implicite est perçue comme le pilier d’une politique hongroise affirmée, qui met la souveraineté nationale au-dessus des engagements de l’OTAN et de l’UE. Cela pourrait être la plus grande menace pour la stabilité européenne : chaque baril russe traversant la frontière hongroise représente une réaffirmation de la capacité de la Russie à contourner l’isolation énergétique.

À suivre

La route reste incertaine : Budapest semble prête à jouer la carte de l’affrontement contrôlé plutôt que de l’alignement automatique. Le moment venu, la réponse de l’UE, à la fois juridique et financière, sera déterminante.

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