L’humanité fait face à une « réalité nouvelle », préviennent les scientifiques. Une étude de référence publiée lundi indique que les récifs coralliens tropicaux ont probablement dépassé leur point de basculement, signalant un mouvement vers une série de bouleversements écologiques irréversibles, rapporte TopTribune.
Après avoir étudié les principaux « points de basculement » de la planète, une équipe internationale de 160 chercheurs délivre un constat alarmant. « Nous sommes désormais quasi certains que nous avons franchi un de ces points de basculement pour les récifs coralliens tropicaux », déclare Tim Lenton, chercheur en sciences de l’environnement à l’université d’Exeter (Royaume-Uni).
La disparition annoncée des récifs
Avec une augmentation de 1,4 degrés de réchauffement climatique par rapport à l’ère préindustrielle, les coraux subissent un dépérissement « sans précédent ». Cette détérioration met en péril la survie de centaines de millions de personnes et d’un million d’espèces marines, soulignent les chercheurs. Depuis leur précédente étude en 2023, la mortalité sur les récifs a encore augmenté, marquée par un épisode massif de blanchissement qui perdure depuis deux ans.
Les coraux, véritables poumons des océans et barrières naturelles contre l’érosion, sont parmi les premières victimes de la chaleur. Privés de leurs symbiotes essentiels, ils finissent par mourir de faim, laissant place à des structures calcaires vides, bientôt envahies par les algues. À 1,5 degré de réchauffement, « la vaste majorité des coraux seront condamnés », prévient l’étude.
Avertissement avant la COP30
Ce seuil critique pourrait être franchi « dans quelques années », à moins d’une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a récemment mis en garde contre un effondrement imminent de cette limite, qui plongerait « le monde dans une zone de danger encore plus grand », insiste Tim Lenton.
Cette publication intervient à un moment crucial : les négociateurs du climat se réunissent à Brasilia pour une pré-COP, un mois avant la conférence majeure à Belém. Les chercheurs alertent également sur une aggravation des « signes vitaux » de la Terre, notamment la fonte irréversible des calottes polaires, l’affaiblissement des courants océaniques, et le dépérissement de la forêt amazonienne, où se déroulera la COP30.
Des signaux d’espoir dans la transition énergétique
Toutefois, les chercheurs identifient aussi des points de basculement « positifs ». Certaines transitions écologiques, comme l’énergie solaire et éolienne, ont atteint un seuil irréversible de compétitivité à l’échelle mondiale, de même que l’essor des véhicules électriques, des batteries de stockage et des pompes à chaleur.
Des technologies émergentes, telles que l’hydrogène et l’ammoniac vert, pourraient suivre une trajectoire similaire. Ces dynamiques fournissent une lueur d’espoir : elles démontrent qu’un effet domino favorable au climat est envisageable, à condition que les gouvernements s’engagent à convertir ces avancées en leviers systémiques lors de la COP30.
Les résultats de cette étude appellent à une mobilisation mondiale immédiate pour contrer la crise climatique. Les discussions à venir lors de la COP30 pourraient déterminer la manière dont les États aborderont le défi du changement climatique dans les années à venir. Alors que des millions de personnes dépendent des récifs coralliens pour leur survie, le temps presse pour prendre des mesures efficaces et durables afin de préserver ces écosystèmes vitaux.