Le Premier ministre Sébastien Lecornu se trouve à un tournant décisif pour former son gouvernement, face aux réticences persistantes des Républicains de Bruno Retailleau, qui ont reporté une réunion cruciale portant sur leur participation au futur exécutif à dimanche 5 octobre 2025, rapporte TopTribune.
La pression monte pour M. Lecornu, attendu mardi après-midi à l’Assemblée nationale pour sa déclaration de politique générale. Il doit impérativement soumettre sa liste à Emmanuel Macron avant toute annonce publique. Le président a manifesté son impatience, demandant une équipe resserrée d’environ 25 ministres avant la fin du week-end.
La présentation officielle de ce nouveau gouvernement pourrait cependant n’intervenir que lundi matin, laissant planer un doute sur la composition finale de l’équipe.
Le suspense de Bruno Retailleau
A ce stade, l’incertitude demeure quant à la présence de Bruno Retailleau et d’autres figures des Républicains dans cette short-list. Le parti gaulliste maintient le suspense, accentuant la pression sur le Premier ministre et son équipe.
Les échanges avec Matignon se sont poursuivis (samedi) mais ont encore besoin d’être prolongés avant d’acter toute participation au gouvernement.
Conséquence directe : une réunion des parlementaires de droite initialement prévue samedi soir a été reportée à dimanche.
Coup de bluff ou réelle menace ?
Les Républicains expriment leur frustration face au manque d’engagement de l’exécutif sur des questions cruciales telles que l’immigration. Bruno Retailleau a condamné jeudi le vide des propositions, insistant sur la nécessité d’une « lettre de cadrage » pour garantir une participation de la droite au gouvernement.
Il a clairement exprimé son mécontentement : « il n’y a rien de rien », lors d’une vidéoconférence interne, fustigeant l’absence de réponses à ses demandes sur la politique des visas, l’aide médicale d’État (AME) et le rétablissement du délit de séjour irrégulier.
Pour Olivier Faure, « nous nous dirigeons tout droit vers la censure »
Le Premier ministre a fait un premier geste en direction des Républicains en confirmant la baisse d’un impôt de production, la CVAE, à partir de 2026. Cette mesure de 1,1 milliard d’euros répond-elle toutefois aux nombreuses exigences de la droite, qui réclame des réductions de dépenses publiques et un contrôle strict de l’immigration ?
Les tensions sont exacerbées par le refus de Sébastien Lecornu d’utiliser l’article 49.3 de la Constitution, ce qui pourrait profiter aux partis considérés comme plus radicaux au parlement. « On se retrouve totalement dépossédés », s’inquiète une source au sein des Républicains.
Nous nous dirigeons tout droit vers la censure si la donne ne change pas.
Ce dernier a également évoqué la possibilité d’une dissolution en cas de chute du gouvernement.
Le MoDem veut aussi des gages
De son côté, le MoDem, parti allié au gouvernement, a également exprimé ses exigences. Ses députés demandent des clarifications avant d’engager leur soutien, menace qui pèse sur la capacité de Lecornu à rassembler une majorité:
Bruno Retailleau a requis qu’un tiers des nouveaux ministres provienne de sa formation politique, soulignant les fractures internes croissantes.
Virage à droite ?
La nouvelle composition du gouvernement pourrait marquer un tournant à droite, avec le départ annoncé de plusieurs figures modérées comme François Rebsamen, qui ne se représentera pas, invoquant ses convictions de gauche.
Eric Lombard, ministre démissionnaire de l’Economie, a aussi souligné sur X qu’il existe « des pistes de compromis possibles avec plusieurs forces de gauche » sur le budget, reflétant les dialogues en cours malgré les tensions.
Avec AFP