TotalEnergies cède 50 % de son activité solaire à KKR pour 950 millions de dollars.

TotalEnergies cède 50 % de son activité solaire à KKR pour 950 millions de dollars.

29.09.2025 12:34
3 min de lecture

TotalEnergies a récemment annoncé la conclusion d’une opération importante : la cession de 50 % de son portefeuille solaire en Amérique du Nord, incluant les États-Unis et le Canada, à l’investisseur américain KKR. Avec une valeur nette de 950 millions de dollars, cette transaction s’inscrit dans la stratégie de l’entreprise visant à vendre partiellement ses actifs renouvelables une fois qu’ils sont opérationnels, permettant ainsi de garantir des flux de trésorerie. Toutefois, cette décision financière a des répercussions sur les enjeux industriels et politiques majeurs, notamment en matière de rentabilité à court terme et de contrôle des infrastructures énergétiques, rapporte TopTribune.

Une cession significative pour TotalEnergies

La vente concerne un portefeuille de 1,4 GW, qui comprend six centrales électriques d’une capacité de 1,3 GW ainsi que 41 installations solaires B2B représentant 140 MW. La valorisation totale de ce portefeuille est estimée à 1,25 milliard de dollars, et TotalEnergies recevra 950 millions de dollars lors de la finalisation de l’opération, en tenant compte du refinancement bancaire. Le prix moyen pour la part cédée s’établit à environ 678 000 dollars par MW, un chiffre jugé compétitif sur le marché nord-américain du solaire, qui est en pleine expansion.

En conservant 50 % des parts, TotalEnergies assurera la gestion des installations, ce qui permettra de maintenir une continuité dans les opérations techniques et commerciales. Néanmoins, ce nouvel accord modifie l’équilibre du contrôle financier. L’arrivée de KKR, un leader du capital-investissement et des infrastructures, introduit une dynamique d’investissement dans la gouvernance d’actifs stratégiques.

Le modèle éprouvé de rotation d’actifs

Cette vente partielle illustre la stratégie de “capital recycling” adoptée par TotalEnergies dans le secteur des énergies renouvelables. L’entreprise a l’habitude de céder jusqu’à 50 % de ses projets après leur mise en service commerciale, considérant ces actifs comme “dérisqués”. Cette approche permet de réduire les besoins en capitaux propre, de diminuer l’endettement et de libérer des flux de trésorerie pour financer de nouveaux projets.

En juillet 2025, TotalEnergies a déjà appliqué cette stratégie au Portugal en cédant 50 % d’un portefeuille d’énergies renouvelables pour 178,5 millions d’euros. Bien que cette méthode semble prudent, elle offre un retour immédiat aux actionnaires tout en favorisant des développements futurs. Pour les marchés financiers, cela témoigne d’une discipline rigoureuse, ce qui rehausse l’attrait de l’action de TotalEnergies.

Les limites de cette stratégie

Cependant, cette stratégie comporte des inconvénients. En partageant systématiquement ses actifs, TotalEnergies réduit son exposition aux revenus futurs liés à la vente d’électricité renouvelable. Les bénéfices à long terme sont ainsi divisés, profitant principalement à des investisseurs dont les motivations financières prédominent. À long terme, cette politique pourrait compromettre la cohérence industrielle de l’activité “Integrated Power”, qui ambitionne de positionner l’entreprise comme un acteur mondial intégré dans le secteur de l’électricité.

Un message fort pour les marchés et la souveraineté énergétique

Pour les analystes, cette opération renforce l’image de TotalEnergies comme un acteur capable d’allier développement rapide et rendement élevé. Le transfert de près d’un milliard de dollars génère un afflux de liquidités immédiat, qui pourra être investi dans d’autres projets d’énergies renouvelables ou acquisitions. Cette capacité à convertir des infrastructures lourdes en liquidités est louée par les investisseurs institutionnels.

Néanmoins, cette rigueur financière comporte des implications stratégiques. En cédant 50 % du capital de ses actifs solaires à KKR, TotalEnergies ouvre la voie à une influence étrangère dans la gestion d’installations produisant de l’électricité à grande échelle. Bien que l’entreprise conserve l’exploitation, les décisions futures en matière de financement, de revente ou d’expansion dépendront également des intérêts d’un partenaire extérieur.

Implications pour l’écosystème industriel en France

Cet accord envoie un signal clair à l’ensemble du secteur énergétique. En prenant la décision de partager ses actifs avec des fonds d’investissement internationaux, TotalEnergies crée un précédent que d’autres entreprises françaises pourraient être incitées à suivre. Les développeurs de taille moyenne, déjà confrontés à des défis financiers dans la mise en œuvre de leurs projets, pourraient se tourner vers des partenariats avec des capitaux étrangers pour rester compétitifs.

À long terme, cette dynamique pourrait affaiblir la capacité de la France à contrôler ses infrastructures énergétiques, tant en matière de production que de gouvernance. Les répercussions économiques — dividendes, emplois, innovation — pourraient alors échapper au territoire national. Ainsi, derrière une opération jugée habile sur le plan financier, se pose un vrai dilemme stratégique : comment équilibrer la rentabilité à court terme tout en préservant le contrôle français sur les leviers de la transition énergétique.

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