Donald Trump remet en question la sécurité du paracétamol pendant la grossesse, suscitant des réactions médicales

Donald Trump remet en question la sécurité du paracétamol pendant la grossesse, suscitant des réactions médicales

23.09.2025 17:54
3 min de lecture

Donald Trump a recommandé aux femmes enceintes de ne pas utiliser de paracétamol pendant la grossesse, un médicament connu sous les noms de Doliprane ou Dafalgan en France, et commercialisé comme Tylenol aux États-Unis. Lors d’une déclaration à la Maison Blanche le 22 septembre, il a affirmé : « Je vous recommande de ne pas utiliser de Tylenol, sauf en cas d’absolue nécessité ! », rapporte TopTribune.

La Food and Drug Administration (FDA) a également annoncé qu’elle allait ajouter un nouvel avertissement sur les emballages de paracétamol, mentionnant une association possible entre son utilisation durant la grossesse et le développement de troubles neurologiques.

D’où viennent ces mises en garde ?

En dépit de sa réputation en tant qu’analgésique le plus sûr, le paracétamol a récemment été critiqué par Trump. Plusieurs études ont suggéré un lien entre son utilisation et l’autisme. La plus récente, une méta-analyse publiée le 13 août 2025 dans la revue BMC Environmental Health, a analysé les données de 46 études.

Des chercheurs de l’Icahn School of Medicine de Mount Sinai à New York ont conclu que l’exposition prénatale au paracétamol pourrait accroître le risque de troubles neurodéveloppementaux, y compris les troubles du spectre autistique et le trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) chez les enfants. Bien que l’étude ne prouve pas que le paracétamol cause directement ses troubles, elle renforce l’idée d’un lien potentiel. Les scientifiques soulignent l’importance d’une utilisation prudente et limitée de ce médicament.

Le Dr Didier Prada de l’Icahn School of Medicine a mis en garde : « Les femmes enceintes ne doivent pas arrêter leur traitement sans consulter leur médecin. Une douleur ou une fièvre non traitée peuvent également nuire au bébé. Notre étude souligne l’importance de discuter de l’approche la plus sûre avec les professionnels de santé et d’envisager des options non médicamenteuses chaque fois que possible. »

Des conclusions contradictoires

Une autre étude, publiée en 2024 et portant sur 2,4 millions d’enfants nés en Suède entre 1995 et 2019, arrive à des résultats divergents. Les chercheurs ont examiné près de 186 000 enfants dont les mères avaient pris du paracétamol pendant leur grossesse, les comparant à leurs frères et sœurs nés de grossesses où le médicament n’avait pas été administré.

« Nous n’avons constaté aucune augmentation du risque de TDAH, d’autisme ou de déficience intellectuelle qui puisse être attribuée à la prise de paracétamol pendant la grossesse », a déclaré Renee Gardner, professeure au Département de santé publique mondiale du Karolinska Institutet (Suède) et co-auteure de l’étude.

Cette technique de comparaison entre frères et sœurs a permis de mieux contrôler divers biais pouvant influencer les résultats. « Les caractéristiques des personnes qui prennent du paracétamol diffèrent de celles qui n’en prennent pas, ce qui complique l’évaluation avec des méthodes statistiques standard. En comparant des frères et sœurs, nous contrôlons de nombreux facteurs », a expliqué le Pr. Brian Lee de l’Université Drexel, co-auteur de l’étude.

Des biais méthodologiques mis en cause

En France, le CRAT, Centre de référence sur les agents tératogènes, affirmait en 2024 que « les données publiées chez les femmes enceintes exposées au paracétamol sont très nombreuses, quel que soit le terme de la grossesse, et aucun effet malformatif, fœtal ou néonatal attribuable au traitement n’est retenu à ce jour ». Concernant les études établissant un lien entre l’analgésique et le risque d’autisme, le centre a mis en avant des biais méthodologiques rendant ces associations difficiles à établir, tout en recommandant un usage minimal et à court terme du paracétamol.

Aux États-Unis, l’Association américaine des obstétriciens-gynécologues a réagi à la déclaration de Trump, affirmant que « l’annonce faite aujourd’hui par le département de la Santé et des Services sociaux n’est pas étayée par l’ensemble des preuves scientifiques et simplifie dangereusement les nombreuses causes complexes des troubles neurologiques chez les enfants. (…) Les études souvent citées comme preuves d’un lien de causalité présentent les mêmes limites méthodologiques que la plupart des études sur ce sujet. »

Cette critique soulève des questions sur les raisons pour lesquelles les mères prennent du paracétamol, et si des problèmes de santé sous-jacents pourraient influencer cette prise.

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