Emmanuel Macron a officiellement reconnu l’État de Palestine lors d’un discours prononcé à l’ONU, à New York, le 22 septembre 2025. Cette annonce, survenue alors que la communauté internationale se penche principalement sur la question palestinienne, s’est faite sous les applaudissements des délégués. Le président français a affirmé : « La paix est beaucoup plus exigeante, beaucoup plus difficile que toutes les guerres. Mais le temps est venu […] La France reconnaît aujourd’hui l’Etat de Palestine.», rapporte TopTribune.
Un discours à la portée symbolique
Ce discours fait écho à celui de Dominique de Villepin en 2003, où celui-ci s’opposait à une intervention française au Moyen-Orient. Jean Garrigues, historien et président de la commission internationale d’histoire des assemblées, a noté que la déclaration de Macron, bien que symbolique, est atténuée par le fait que plus de 140 États ont déjà reconnu la Palestine, et que des pays comme le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie l’ont fait récemment.
Des conséquences géopolitiques restreintes
Garrigues souligne que les retombées géopolitiques de cette reconnaissance demeurent limitées, puisque la Palestine n’est pas membre des Nations unies et que son adhésion est sujette à un éventuel veto des États-Unis. L’approbation d’une demande d’adhésion nécessite le soutien unanime des cinq membres permanents du Conseil de sécurité.
Il rappelle aussi que peu de gestes marquent véritablement la mémoire collective. Des discours tels que celui de Jacques Chirac reconnaissant la responsabilité de la France durant la Seconde Guerre mondiale, ou la poignée de main entre François Mitterrand et Helmut Kohl symbolisant la réconciliation franco-allemande restent gravés dans les esprits. En revanche, la reconnaissance de la Palestine pourrait créer des divisions au sein de l’opinion française, suscitant des réactions négatives parmi une partie de la communauté juive.
Un report classique sur les enjeux internationaux
Ce discours s’inscrit également dans le cadre du mandat d’Emmanuel Macron, cherchant à jouer un rôle de leader sur la scène internationale. Cette tendance à se concentrer sur les affaires extérieures se manifeste souvent en fin de mandat. Jean Garrigues souligne que Macron, aux prises avec des défis nationaux majeurs, pourrait chercher à redéfinir son image à l’international, un mouvement traditionnel chez les chefs d’État en fin de parcours.
En interne, la France fait face à des enjeux politiques importants, avec la formation d’un nouveau gouvernement en cours suite à des crises de leadership. La volonté de Macron de renforcer sa stature internationale pourrait également être interprétée comme un moyen de s’élever au-dessus des querelles partidaires.
L’évaluation internationale de ce discours a été mitigée. Des analyses, comme celles de Courrier International, évoquent une « victoire diplomatique du leader en difficulté », tandis que le Daily Telegraph souligne la division au sein de l’Europe à propos du conflit à Gaza.
Le Washington Post conclut que bien que cette annonce constitue un soutien moral pour les Palestiniens, elle n’entraînera pas de changements immédiats sur le terrain.
