Une proposition choc. Le cannabis est déjà autorisé aux Pays-Bas depuis 2019, mais la maire d’Amsterdam veut aller encore plus loin. Dans un entretien accordé mardi 16 avril à l’AFP, Femke Halsema suggère d’autoriser la délivrance de certaines drogues dures comme la cocaïne ou la MDMA auprès de pharmaciens ou de médecins. « On pourrait imaginer que la cocaïne puisse être obtenue auprès de pharmaciens ou via un modèle médical« , avance ainsi Femke Halsema, qui tient depuis 2018 les rênes de la ville connue mondialement pour ses coffeeshops et son effervescence commerciale et touristique.
« Je pense aussi que certaines drogues sont dangereuses et qu’il est sage de réduire leur consommation », mais « la façon dont nous procédons n’aide pas (…) il va falloir réfléchir aux meilleurs moyens de réglementer les drogues« , selon l’édile qui estime que la mise de la MDMA sur le marché devrait même être envisagée.
Le test du Canada
La mesure permettrait selon elle de lutter contre le narcotrafic, alors que « 80% des activités policières sont consacrées à combattre la criminalité liée aux stupéfiants ». Réguler les drogues dures, un pays l’a déjà expérimenté : le Canada. Le cannabis y est déjà légalisé depuis 2018 et, depuis l’an dernier, la Colombie britannique, province la plus à l’ouest du pays, expérimente la dépénalisation de certaines drogues dures.
Cocaïne, méthamphétamine, MDMA ou encore certains opioïdes, les consommateurs arrêtés avec moins de 2,5 grammes ne sont pas poursuivis et la drogue n’est pas saisie. Les policiers leur fournissent en revanche des renseignements pour qu’ils puissent se faire aider. Une mesure approuvée par Didier Jutras-Aswad, professeur agrégé au département de psychiatrie et d’addictologie de l’université de Montréal, qui juge que les politiques de lutte antidrogue ont eu jusqu’à présent très peu d’effets, « voire même des effets délétères sur la santé des personnes qui ont une dépendance, ajoute-t-il. Quand on procède à ce type de changement, il y a aussi moyen d’expliquer pourquoi on le fait, le fait de banaliser des effets de la consommation de substances. »
Manque de recul sur l’expérimentation
Le spécialiste juge toutefois que la dépénalisation doit être accompagnée de mesures de santé publique. Notamment un « accès à la naloxone, un antidote qui peut être administré pour renverser les surdoses aux opioïdes. On parle aussi des endroits où les gens peuvent aller consommer des substances, dans un endroit sécuritaire, où les gens en cas de surdose par exemple peuvent avoir accès à des soins, des traitements pour la dépendance. »
Pour le moment, les experts manquent encore de recul pour évaluer l’efficacité de cette expérimentation qui doit prendre fin début 2026.