Une « situation tendue », une armée russe en « supériorité numérique », les propos du ministre ukrainien de la Défense, ce dimanche, n’incitent guère à l’optimisme pour le camp de Kiev. La veille, le commandant en chef des armées ukrainiennes affirmait de son côté, une situation « considérablement détériorée » sur le front est, où les soldats russes ont fait de la prise de Tchassiv Yar une priorité. La conquête de cette ville de 13 000 habitants, perchée sur une hauteur à moins de 30 kilomètres au sud-est de Kramatorsk – la principale ville de la région sous contrôle ukrainien et un important noeud ferroviaire et logistique – offrirait aux militaires russes une chance d’effectuer une percée notable.
La prise de Tchassiv Yar, une priorité pour les Russes
Dans ce contexte, ce week-end, les troupes ukrainiennes engagées dans la défense de la localité, ont reçu des armements supplémentaires « afin de renforcer de façon significative les brigades avec des munitions, des drones, et des équipements de guerre électroniques », a précisé Oleksandr Syrsky, pour tenter de contenir au mieux la force de frappe russe. De son côté, l’Allemagne a fait savoir ce samedi qu’elle envoyait à l’Ukraine un système de défense aérienne Patriot supplémentaire. Soit le troisième du type fourni par Berlin à Kiev. « Une vraie manifestation de soutien envers l’Ukraine à un moment critique pour nous », avait alors salué Volodymyr Zelensky dans la foulée, appelant d’autres pays à « suivre cet exemple ».
C’est qu’il y a urgence en la matière. Selon l’Institut de l’étude pour la guerre (ISW), « l’épuisement des défenses aériennes fournies par les Etats-Unis, du fait des retards dans la reprise de l’assistance militaire américaine à l’Ukraine, combiné à l’amélioration des tactiques de frappe russes, a offert une efficacité croissante à la campagne de frappes russe en Ukraine ». D’autant plus que ce sur ce front est, le Kremlin est aussi à la recherche d’un succès symbolique avant la date du 9 mai, soit le jour des commémorations de la victoire lors de la Grande Guerre patriotique sur l’Allemagne nazie.
L’agacement de Zelensky
L’heure n’est cependant pas à la résignation, mais plutôt à la frustration de la part de Kiev. Dimanche soir, Volodymyr Zelensky a notamment fait allusion à l’attaque aérienne de l’Iran sur Israël pour réclamer davantage de moyens aux Occidentaux. « Le monde entier a vu ce qu’est une vraie défense. Il voit qu’elle est possible. Et le monde entier a vu qu’Israël n’était pas seul dans cette défense ». Avant d’ironiser : « ce n’est pas la rhétorique qui protège le ciel ».