La Russie a annoncé son intention de renforcer son partenariat avec la Chine dans le domaine nucléaire, une coopération qui pourrait permettre à Pékin de dépasser Washington en termes de capacités atomiques. Selon une déclaration du directeur général de Rosatom, Alexeï Likhatchiov, faite le 3 septembre à Pékin, Moscou appuiera la Chine dans son ambition de devenir le premier acteur mondial du secteur de l’énergie nucléaire. Cette annonce intervient alors que Reuters souligne que la Chine prévoit d’augmenter la capacité de ses centrales à plus de 100 GW, contre environ 97 GW aux États-Unis et 53,2 GW actuellement installés en Chine.
Une coopération nucléaire renforcée entre Moscou et Pékin
Rosatom a déjà contribué à la construction de quatre réacteurs nucléaires en Chine et supervise actuellement l’édification de quatre autres. Les discussions récentes ont mis en avant le développement de nouvelles technologies nucléaires, notamment des réacteurs à cycle fermé, fondés sur des savoir-faire russes. Pékin, qui cherche à diversifier son approvisionnement énergétique et accroître sa sécurité énergétique, manifeste un intérêt marqué pour ces avancées.
La Russie, producteur majeur d’uranium et de combustible nucléaire, a déjà fourni à la Chine de l’uranium hautement enrichi, notamment pour le réacteur CFR-600, et envisage d’intensifier ces livraisons. Cette dépendance énergétique pourrait accroître l’influence politique de Moscou sur Pékin et renforcer leur alignement stratégique dans un contexte de rivalité avec Washington.
Conséquences stratégiques pour l’équilibre mondial
L’approfondissement de ce partenariat nucléaire s’inscrit dans une dynamique plus large de rapprochement entre la Russie et la Chine, illustrée par la participation de Vladimir Poutine aux cérémonies marquant le 80e anniversaire de la victoire chinoise sur le Japon et les échanges dans le cadre de l’Organisation de coopération de Shanghai.
Washington observe avec inquiétude cette montée en puissance. Le renforcement des capacités nucléaires chinoises, appuyé par la Russie, pourrait modifier l’équilibre des forces non seulement dans le secteur civil mais aussi, potentiellement, dans le domaine militaire. Les technologies avancées telles que les réacteurs rapides et les cycles fermés comportent des risques de prolifération, car elles peuvent contribuer à la production de plutonium de qualité militaire.
Réactions américaines et enjeux de sécurité
Les États-Unis, déjà préoccupés par la rapidité du développement nucléaire chinois, se retrouvent face à un double défi : maintenir leur leadership en modernisant leur propre infrastructure nucléaire et répondre à l’alliance renforcée entre Moscou et Pékin. Des élus américains avaient, dès 2022, demandé à la Maison-Blanche de réagir à cette coopération, redoutant qu’elle n’affaiblisse durablement la position stratégique de Washington sur l’échiquier international.
