Contrats nucléaires au Brésil : le Naval Group renforce sa stratégie d'exportation.

Contrats nucléaires au Brésil : le Naval Group renforce sa stratégie d’exportation.

03.09.2025 17:03
3 min de lecture

Le géant français de la défense navale fait un retour stratégique sur la scène internationale. En signant deux contrats avec la marine brésilienne, Naval Group établit un partenariat industriel à long terme sur un projet ambitieux : l’élaboration du premier sous-marin à propulsion nucléaire d’Amérique latine, rapporte TopTribune.

Une avancée significative pour Naval Group dans le programme nucléaire brésilien

Le 2 septembre 2025, la marine brésilienne a confirmé l’attribution de deux nouveaux contrats à Naval Group dans le cadre du programme ProSub, comme l’atteste une annonce au Journal Officiel brésilien. Ce programme, lancé en 2008, vise à conférer au Brésil des capacités sous-marines stratégiques, notamment avec un sous-marin à propulsion nucléaire.

Le constructeur naval français est chargé de missions importantes dans ce projet. Le premier contrat, d’une valeur de 282 millions d’euros, s’étendra sur 54 mois. Ce contrat concerne la fourniture de services techniques pour l’intégration de systèmes supplémentaires à bord du futur sous-marin nucléaire Álvaro Alberto, excluant toutefois le cœur nucléaire, qui sera développé localement. Le second contrat, dont le montant est estimé à 246,3 millions d’euros, englobe des tâches d’ingénierie électromécanique pour la réalisation de la centrale de puissance auxiliaire, testée au centre expérimental LABGENE.

En tout, l’engagement contractuel totalise 528,4 millions d’euros, renforçant ainsi la position industrielle de Naval Group au Brésil dans un domaine technologique critique.

Naval Group renoue avec le succès après des défis difficiles

Cette double victoire survient dans un climat de turbulences commerciales pour Naval Group. Après avoir rencontré des échecs d’exportation notables, notamment au Canada et en Norvège, le chantier naval français voit dans le Brésil une opportunité de redéfinir sa trajectoire. Comme le souligne La Tribune le 2 septembre 2025 :

« C’est un contrat qui ne va pas remplacer la perte des deux compétitions majeures au Canada (sous-marins) et en Norvège (frégates), mais c’est une commande qui permet à Naval Group de rester très présent au Brésil. », indique La Tribune

Cette coopération stratégique, initiée en 2009, a déjà été à l’origine de la mise à l’eau de plusieurs sous-marins Scorpène, assemblés à Itaguaí, dans l’État de Rio de Janeiro. Le nouvel accord atteste d’une orientation industrielle vers le transfert de compétences et l’adoption progressive de technologies avancées par la marine brésilienne.

Technologie, souveraineté et diplomatie industrielle

Au-delà des montants en jeu, cet accord illustre un partenariat politique solide entre la France et le Brésil. En mars 2024, lors de la visite officielle de Luiz Inácio Lula da Silva à Paris, Emmanuel Macron a déclaré :

« Je souhaite que nous ouvrions le chapitre pour de nouveaux sous-marins, le quatrième, le cinquième, mais […] que nous regardions en face la propulsion nucléaire en étant parfaitement respectueux de tous les engagements les plus rigoureux de non-prolifération. […] Ce cadre existe, est possible. Vous le voulez. La France sera à vos côtés. », discours d’Emmanuel Macron, 27 mars 2024

Cette affirmation s’inscrit dans une diplomatie de défense proactive, où l’export de technologies stratégiques agit comme un outil d’influence. Le projet Álvaro Alberto incarne cette ambition de coproduction et de co-développement, s’éloignant du schéma traditionnel des contrats militaires.

Ambition technique autour de la propulsion nucléaire

Le partenariat ne couvre pas la chaufferie nucléaire du sous-marin, qui demeure une technologie souveraine brésilienne, élaborée par le CNEN (Comissão Nacional de Energia Nuclear). Cependant, Naval Group procède à un soutien complet concernant l’intégration des systèmes, la gestion énergétique et les interfaces complexes du bâtiment.

Une des caractéristiques principales de ce projet réside dans l’implication de LABGENE, le laboratoire de génération nucléaire, où sera testée la centrale de propulsion à terre. Ce centre sera le théâtre des services prévus dans le second contrat, validant la capacité des installations avant toute mise en mer.

Un nouvel horizon pour Naval Group

Dans un contexte où les tensions géopolitiques alimentent la compétition pour des équipements navals de pointe, cet engagement offre à Naval Group une visibilité industrielle à moyen terme. Il laisse également entrevoir, d’après plusieurs sources, la possibilité d’un futur appel d’offres pour un second sous-marin nucléaire brésilien. Une dynamique que Paris et Brasília semblent disposés à poursuivre, soutenue par une convergence diplomatique et une confiance renforcée.

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