Trois jeunes visons d’Europe, issus d’un élevage conservatoire dans les Deux-Sèvres, ont été relâchés en milieu naturel ce lundi, marquant une avancée significative dans une opération pionnière en France visant à sauvegarder ces carnivores semi-aquatiques menacés d’extinction, rapporte TopTribune.
La « translocation » a été orchestrée par Zoodyssée, parc animalier géré par le Conseil départemental des Deux-Sèvres, en collaboration avec l’Office français de la biodiversité (OFB) et 150 autres partenaires. L’opération s’est déroulée dans un lieu secret de la vallée de la Charente, entre Angoulême et Saintes.
Un objectif de 100 individus relâchés d’ici 2031
Ce lâcher fait suite à un premier événement similaire qui avait eu lieu le 7 août et un dernier lâcher est prévu le 8 septembre, toujours dans la plus stricte confidentialité, afin de ne pas perturber cet animal délicat, classé en danger critique d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Les organisateurs visent le relâchement annuel de 100 visons d’ici 2031.
« Si nous ne faisons rien, cette espèce va disparaître », a affirmé Olivier Thibault, directeur général de l’OFB, lors d’un point de presse à Zoodyssée. Il a souligné que la réduction des habitats naturels, due à la destruction des zones humides et des cours d’eau, ainsi que la concurrence avec le vison d’Amérique, une espèce invasive, et les collisions routières sont des facteurs majeurs contribuant à la disparition du vison d’Europe en France.
Au XXe siècle, cette espèce a subit une réduction de 85 % de son aire de répartition mondiale et de 90 % de ses populations. Actuellement, la population française est estimée à moins de 250 individus, principalement localisés en Nouvelle-Aquitaine.
Succès des premières translocations
La reproduction des visons d’Europe est complexe ; la femelle donne naissance à un à six petits par an, avec un cycle ovulatoire très limité et un accouplement pouvant être dangereux. « Nous surveillons cette étape de près car nous pouvons être amenés à les séparer », a indiqué Yann De Beaulieu, responsable régional de l’OFB.
Ces visons, naturellement craintifs et solitaires, ont bénéficié d’une période d’acclimatation de deux à trois semaines dans des enclos in situ avant leur remise en liberté.
Actuellement, les huit visons déjà relâchés sont suivis par des émetteurs, permettant aux agents de l’OFB de surveiller leurs interactions dans le milieu naturel. Bien qu’un souci technique ait été observé lors du premier lâcher, les observations initiales révèlent que les visons réussissent à chasser et à se dissimuler.
Les efforts pour le rétablissement du vison d’Europe sont considérés comme un élément crucial pour la biodiversité locale et la santé des écosystèmes aquatiques. Des initiatives similaires menées à l’étranger témoignent du potentiel positif de telles translocations. En France, ce projet pourrait servir de modèle pour d’autres programmes de conservation de la faune menacée.
Face à l’urgence de la situation, il est impératif d’agir pour préserver les espèces vulnérables comme le vison d’Europe. La collaboration entre les organismes gouvernementaux et les partenaires au sein de l’ initiative Zoodyssée marque une étape essentielle vers la restauration des populations de faune sauvage et la protection de la biodiversité en France.
En conclusion, la sauvegarde du vison d’Europe est plus qu’une question de préservation d’une espèce ; elle engage également la responsabilité collective envers l’environnement et la biodiversité humaine. Les futures relâches annuelles, ainsi que les résultats de la surveillance, détermineront le succès de ce projet ambitieux.