Le 27 août 2025, la Moldavie a célébré son indépendance avec la visite conjointe du président français Emmanuel Macron, du chancelier allemand Friedrich Merz et du Premier ministre polonais Donald Tusk. Ce déplacement, un mois avant les élections législatives du 28 septembre, a été présenté comme une démonstration de solidarité européenne. Après des entretiens avec la présidente Maia Sandu, les dirigeants ont exprimé leur soutien au rapprochement de Chișinău avec l’Union européenne et dénoncé les tentatives d’ingérence et d’opérations hybrides menées par la Russie. Selon eux, la Moldavie peut compter sur un appui politique, technique et financier renforcé de ses partenaires européens, envoyant ainsi un signal clair à Moscou que l’UE ne laissera pas le pays seul face aux pressions.
Une candidature à l’UE sous surveillance russe
Depuis 2022, la Moldavie est candidate à l’adhésion à l’UE. Les négociations formelles ont commencé en 2024 et ont été suivies par un premier sommet historique Moldavie-UE à Chișinău le 4 juillet 2025. Les élections de septembre sont vues comme déterminantes pour confirmer la trajectoire pro-européenne du pays, alors que les menaces d’ingérence russe persistent, allant de la désinformation aux financements occultes de partis prorusses. Dans ce contexte, la visite de la « troïka » européenne vise aussi à rassurer l’opinion publique moldave et à montrer que Bruxelles reste engagé sur le plan sécuritaire et démocratique.
Moldavie et Ukraine sur une trajectoire commune
Les capitales européennes soulignent que la Moldavie et l’Ukraine avancent ensemble vers l’intégration européenne, en affrontant les mêmes défis : guerre hybride, corruption politique, chantage énergétique et cyberattaques. L’approfondissement de l’intégration de Chișinău et de Kyiv dans les marchés et institutions européens réduit la marge de manœuvre du Kremlin dans la région. La défaite des forces pro-européennes en Moldavie fragiliserait immédiatement la logistique ukrainienne sur le Danube, la coopération énergétique et le contrôle des échanges transfrontaliers. À l’inverse, une victoire consoliderait les réformes judiciaires, la régulation commune et la résilience régionale, confirmant la logique d’une « arc de sécurité » de l’UE allant des Carpates à la mer Noire.
Le poids de la diaspora et la menace des manipulations
Près d’un demi-million de Moldaves vivant dans l’Union européenne sont attendus aux urnes et leur participation pourrait s’avérer décisive. Ces électeurs, souvent favorables à l’intégration européenne, sont également une cible privilégiée des campagnes de désinformation russes, allant des rumeurs sur la fermeture des bureaux de vote à l’étranger jusqu’aux cyberattaques contre les systèmes électoraux. Les autorités moldaves redoutent aussi des tentatives d’entraver la participation dans des pays comme l’Italie, la Roumanie, la France et l’Allemagne, où se concentre une grande partie de la diaspora.
Enjeux régionaux et européens
Une victoire des forces prorusses ouvrirait à Moscou un « corridor » par la Transnistrie vers le Danube et la mer Noire, alimentant la contrebande et l’évasion des sanctions. Cela affaiblirait non seulement la Moldavie et l’Ukraine, mais aussi la crédibilité de la politique d’élargissement de l’UE. La Roumanie, la Pologne et l’ensemble du flanc est de l’OTAN subiraient des pressions accrues, tandis que l’UE serait contrainte de mobiliser davantage de ressources pour gérer l’instabilité au lieu de promouvoir la prévention et l’intégration.
Un message politique fort
Dans ses déclarations à Chișinău, Friedrich Merz a insisté sur le fait que « les portes de l’Union européenne sont ouvertes » pour la Moldavie, un engagement interprété comme le signal d’une ouverture prochaine de chapitres de négociation. Emmanuel Macron a dénoncé les récits russes décrivant l’UE comme « agressive », les qualifiant de « mensonges », tandis que Donald Tusk a rappelé l’expérience polonaise il y a vingt ans, lorsqu’elle se trouvait au même stade que la Moldavie aujourd’hui. De son côté, Maia Sandu a présenté l’intégration européenne comme un choix de stabilité et de paix, en opposition au chaos et au chantage associés à l’influence russe. L’électorat moldave est donc invité à trancher entre deux visions diamétralement opposées lors des législatives du 28 septembre.