Dodik veut convaincre Poutine de soutenir l’indépendance de la Republika Srpska
Dodik veut convaincre Poutine de soutenir l’indépendance de la Republika Srpska

Dodik veut convaincre Poutine de soutenir l’indépendance de la Republika Srpska

01.09.2025 15:00
2 min de lecture

Le dirigeant serbe de Bosnie, Milorad Dodik, écarté de ses fonctions fin août 2025, a déclaré dans un entretien à la BBC qu’il cherchera à persuader Vladimir Poutine d’appuyer son projet de sécession de la Republika Srpska et de proclamation d’indépendance lors de leur prochaine rencontre en octobre. « Nous en avons parlé auparavant, mais il a toujours défendu l’accord de Dayton et l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine. Beaucoup de choses ont changé depuis. J’essaierai de le convaincre de soutenir notre position », a affirmé Dodik.

Escalade de la crise institutionnelle en Bosnie-Herzégovine

La confrontation entre Dodik et les institutions centrales de Bosnie-Herzégovine s’est intensifiée en août. La Cour constitutionnelle de Sarajevo l’a condamné à un an de prison et lui a interdit d’exercer des fonctions officielles pendant six ans. La Commission électorale centrale l’a destitué de la présidence de la Republika Srpska et a fixé la date de nouvelles élections. Dodik a rejeté cette décision et continue d’exercer ses prérogatives. Le 25 octobre, il a convoqué un référendum au cours duquel les habitants devront se prononcer sur la légitimité du verdict de la Cour constitutionnelle et de l’autorité du Haut représentant de l’UE. Sarajevo a déjà annoncé qu’elle ne reconnaîtra pas ce scrutin.

Tentatives de légitimation extérieure

Privé de légitimité institutionnelle, Dodik cherche un soutien extérieur pour renforcer sa position. Outre sa démarche auprès de Moscou, il tente également d’obtenir l’appui du président américain Donald Trump. Ce dernier a toutefois qualifié à plusieurs reprises les accords de Dayton de « vache sacrée » et réaffirmé leur importance. En mars, le secrétaire d’État américain Marco Rubio avait accusé Dodik de saper les institutions de Bosnie-Herzégovine et d’en menacer la sécurité, appelant les partenaires de Washington à contrer ses actions. Les sanctions américaines imposées à Dodik restent en vigueur.

Risques de déstabilisation régionale

Pour Moscou, l’instabilité chronique dans les Balkans représente un levier de pression sur l’Occident, détournant l’attention et les ressources de l’OTAN et de l’UE, notamment vis-à-vis de la guerre en Ukraine. Le Kremlin pourrait exploiter son influence sur Dodik pour négocier des concessions en échange de promesses de « stabilisation ». Dans ce contexte, la Republika Srpska est perçue comme un outil géopolitique, au prix d’une aggravation des tensions ethniques et d’un risque de reprise du conflit armé dans la région.

Alliances politiques et enjeux financiers

Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán s’est affirmé comme un allié clé de Dodik. Début août, il a qualifié la condamnation de ce dernier de manœuvre orchestrée par des « superviseurs désignés par l’UE » pour l’écarter en raison de son opposition à « l’agenda globaliste ». Budapest soutient la Republika Srpska tant sur le plan politique que financier. Parallèlement, l’entité bénéficie de larges fonds européens : la Banque européenne d’investissement a injecté des milliards d’euros en Bosnie-Herzégovine, notamment 50 millions pour des projets d’eau et d’assainissement en Republika Srpska. L’utilisation de ces aides par Dodik, tout en contestant ouvertement l’UE, illustre la contradiction d’un dirigeant déterminé à conserver le pouvoir coûte que coûte.

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