La montée et la chute de Vice : un documentaire réveille les souvenirs d’un médium iconique
Le documentaire Vice is Broke, présenté par Eddie Huang, ancien contributeur de Vice, explore l’ascension fulgurante et la chute vertigineuse du célèbre média, révélant à la fois un storytelling audacieux et une gestion toxique, rapporte TopTribune.
Vice, lancé au début des années 2000, a rapidement dominé la culture pop et les médias numériques avant de s’effondrer financièrement en 2023. Le film, disponible sur MUBI à partir du 29 août 2025, raconte l’exceptionnelle mais chaotique histoire du média, qui s’est identifié comme un acteur du journalisme subversif. Huang revisite cette période de créativité débridée, marquée par une volonté de bousculer les normes et d’engager un public plus jeune, avant que le modèle ne devienne insoutenable.
La fin des années 2000 a connu l’émergence d’une nouvelle vague de médias en ligne, tels que BuzzFeed et Gawker, qui ont tenté de réinventer le paysage médiatique avec des contenus adaptés aux préoccupations des jeunes générations. Beaucoup de ces start-ups ont évolué en énormes entreprises attirant des investisseurs, mais peu ont duré. La ascension de Vice a été spectaculaire, mais son déclin inévitable, illustrant les défis fatals inhérents à un modèle d’affaires basé sur l’innovation à tout prix.
D’après Huang, Vice était un espace où de nombreux jeunes talents, allant de musiciens à des scénaristes, ont pu se révéler. Le documentaire met en lumière non seulement la créativité de cette époque, mais aussi le manque de structure qui allait éventuellement conduire à la chute du média. Les contributeurs du film reconnaissent une atmosphère de liberté créative, mais déplorent aussi les dérives et les excès qui ont suivi le succès.
Une ambiance de travail en évolution
Au fur et à mesure que Vice grandissait, une atmosphère de travail de plus en plus tendue a émergé. Les anciens employés évoquent une transition difficile marquée par l’entrée d’un personnel moins intégré aux premières valeurs et à la culture de l’entreprise. « C’est à ce moment-là que les choses ont mal tourné », déclare une ancienne employée, soulignant les tensions qui ont remplacé l’esprit de camaraderie initial.
Eddie Huang, à travers son regard critique, examine non seulement les succès de Vice mais aussi les échecs managériaux des fondateurs, notamment Shane Smith et Gavin McInnes, qui ont vu leur approche provocatrice se transformer en excès inacceptables. « On continue souvent d’aimer ceux qui nous font du mal, car ce sont les premiers à nous apprécier », réfléchit Huang dans sa narration, soulignant les contradictions intrinsèques à la culture de l’entreprise.
Bien que la réputation de Vice ait été ternie par des pratiques discutable, certains de ses reportages ont marqué les esprits. Le film révèle que l’absence de normes claires a parfois conduit à des reportages sensationnalistes, trop éloignés de l’essence du journalisme. Un exemple marquant se trouve dans un reportage au Libéria, qui traite de récits de viols et de cannibalisme, contrastant avec d’autres médias qui ont exploré des facettes plus positives du pays.
Les leçons d’une époque
En définitive, Vice is Broke ne cherche pas seulement à illustrer l’échec de Vice, mais aussi à en tirer des leçons sur l’industrie médiatique dans son ensemble. Huang évoque ces moments passés avec un mélange de fierté et de désillusion, rappelant à ses contemporains : « Il fallait y être. » Ce documentaire est un examen lucide d’une époque où les médias étaient à la fois un terrain d’expérimentation et un refuge pour ceux en quête de reconnaissance dans un monde souvent hostile.