En annonçant un vote de confiance prévu le 8 septembre à l’Assemblée nationale, François Bayrou s’engage dans un pari périlleux. Actuellement, tous les partis d’opposition qui ne siègent pas au gouvernement ont manifesté leur intention de faire tomber l’exécutif, rapporte TopTribune.
Le gouvernement Bayrou est suspendu à un fil. Lors d’une conférence de presse le 25 août, le Premier ministre a déclaré qu’il engagerait la « responsabilité du gouvernement » devant le Parlement. Selon François Bayrou, cette initiative vise à solliciter la responsabilité des différentes forces politiques et à trancher la « question centrale » de la « maîtrise » des finances publiques en validant son plan d’économies budgétaires.
Dans un contexte marqué par des appels à bloquer la France le 10 septembre, cette démarche s’avère audacieuse. Peu après son intervention, les partis d’opposition ont commencé à annoncer leur volonté de renverser le gouvernement. Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste, a qualifié cette situation d’« autodissolution ». À ce jour, le Premier ministre Bayrou ne dispose pas des voix nécessaires pour obtenir la confiance du Parlement. Si son gouvernement venait à tomber, Emmanuel Macron se trouverait contraint de gérer une crise politique majeure.
La menace d’une nouvelle dissolution
Depuis juillet, Emmanuel Macron a retrouvé le droit de dissoudre l’Assemblée nationale. En cas de chute du gouvernement, le président pourrait se voir obligé de recourir à cette option. Malgré des déclarations répétées, notamment dans Paris Match, où il a affirmé qu’un recours à l’article 12 de la Constitution n’était pas envisagé, la chute du gouvernement Bayrou risquerait de bloquer l’Assemblée, une situation que seule une dissolution pourrait résoudre. Un cadre du groupe macroniste EPR a admis qu’« il est difficile de voir comment on y échappe ».
Lors d’une rencontre avec les groupes censés soutenir Bayrou, ce dernier a lui-même reconnu que « la dissolution restait une hypothèse », tout en précisant que ce n’était pas l’option privilégiée par Emmanuel Macron. Les discussions autour d’élections anticipées commencent à émerger dans le paysage médiatique. Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a indiqué sur France 2 que la décision de dissolution revenait au président et que cette option ne devait pas être écartée.
Les réactions de l’opposition
Marine Le Pen, cheffe de file des députés du Rassemblement national, a renouvelé son souhait de voir constituer une nouvelle Assemblée, déclarant que « seule la dissolution permettra désormais aux Français de choisir leur destin ». Elle a ajouté que, « s’il est un président responsable, il se tourne vers les Français, il dissout l’Assemblée et il leur dit ‘Donnez une majorité' ». À gauche, les partis semblent pour l’instant moins pressés de demander de nouvelles élections, bien qu’ils soient conscients des enjeux. « Nous devons nous préparer à une dissolution », a affirmé le député écologiste Pouria Amirshahi, tandis que le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, a relancé une campagne d’inscription sur les listes électorales.
La nomination d’un nouveau gouvernement
En cas de chute du gouvernement Bayrou, Emmanuel Macron pourrait envisager la formation d’un nouveau cabinet. Les partis de gauche, y compris le PS et Les Ecologistes, affichent leur volonté de prendre le relais, prête à gouverner dès le 9 septembre. Marine Tondelier, secrétaire nationale des Ecologistes, a souligné la nécessité pour Macron d’ouvrir à gauche pour le prochain gouvernement.
« Nous sommes prêts à gouverner, ce que les Français ont demandé dans les urnes. »
Marine Tondelier, secrétaire nationale des Ecologistessur BFMTV
Olivier Faure a indiqué que Macron n’écoute que lui-même et a conseillé au président d’entendre ce que la gauche a à proposer en alternative au plan Bayrou. Les responsables de gauche se basent sur leurs 192 sièges obtenus en juillet 2024, malgré les tensions au sein de leur alliance. Dans le bloc central, certains commencent également à militer pour un rapprochement avec la gauche.
Emmanuel Macron pourrait également chercher une solution en coopération avec une personnalité de la société civile. Cependant, les échecs passés et les divisions actuelles rendent ce chemin complexe. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a mis en garde contre un vote qui pourrait faire tomber le gouvernement Bayrou, soulignant le risque d’« une crise financière majeure ». Néanmoins, une partie des députés LR restent mécontents de ne pas avoir été consultés avant cette prise de position.
Les questions de la démission
Emmanuel Macron a jusqu’à présent rejeté toute idée de démission face aux blocages de l’Assemblée et s’est même agacé des questions à ce sujet. Toutefois, certains, comme Jean-François Copé, conseillent au président de reconsidérer cette option en cas de chute de son gouvernement. « Emmanuel Macron doit accepter d’entendre que les Français ne veulent plus de lui », a déclaré Copé.
« Emmanuel Macron doit avoir un geste gaullien et programmer sa démission. S’adresser aux Français et annoncer son départ dans six mois, au lendemain des élections municipales de mars prochain. »
Jean-François Copé, maire LR de Meauxdans « Le Figaro »
Les responsables de La France insoumise évoquent également la possibilité d’une destitution d’Emmanuel Macron, arguant que « le chaos, c’est Macron ». Jean-Luc Mélenchon a déclaré qu’une nouvelle motion de destitution serait déposée à l’Assemblée le 23 septembre. Une pétition lancée par LFI a déjà recueilli plus de 400 000 signatures.
La proposition de résolution visant à réunir le Parlement pour engager une procédure de destitution avait été rejetée l’année dernière, soulignant les défis à surmonter pour aboutir à une telle démarche. Si une destitution parvenait à se concrétiser, cela entraînerait des élections présidentielles anticipées et, très probablement, des élections législatives également.