L’autrice irlandaise Sally Rooney a annoncé qu’elle reverserait une partie de ses droits d’auteur à Palestine Action, une organisation récemment prohibée au Royaume-Uni. Depuis cette interdiction à la mi-juillet, 700 personnes ont été arrêtées dans le pays pour avoir exprimé leur soutien à l’organisme, entraînant plusieurs ONG à dénoncer une atteinte à la liberté d’expression et au droit à manifester, rapporte TopTribune.
C’est une annonce qui ne saurait passer inaperçue. Sally Rooney, réputée pour son best-seller « Normal People », a décidé de reverser certains de ses droits d’auteur, y compris ceux des adaptations télévisées de ses romans, à l’organisation britannique récemment interdite, Palestine Action.
« J’ai l’intention d’utiliser ces revenus issus de mon travail et ma notoriété plus largement pour soutenir Palestine Action », a déclaré la romancière de 34 ans, qui est connue pour son engagement en faveur des droits des Palestiniens, dans une tribune publiée ce week-end dans The Irish Times.
700 personnes arrêtées
Mi-juillet, le groupe Palestine Action a été classé comme organisation « terroriste » au Royaume-Uni, suite à des actes de vandalisme contre une base de l’armée de l’air. Depuis, plus de 700 personnes ont été interpellées et environ soixante d’entre elles seront poursuivies pour avoir manifesté leur soutien, en arborant des pancartes lors de divers rassemblements.
« Dans ce contexte, je me sens obligée d’affirmer une nouvelle fois […] que je soutiens Palestine Action. Si cela fait de moi un ‘soutien du terrorisme’ en vertu de la loi britannique, qu’il en soit ainsi », a écrit Sally Rooney, résidant en Irlande. « Je publierais volontiers cette tribune dans un journal britannique, mais cela serait maintenant illégal », a-t-elle ajouté, étant souvent qualifiée de « voix » de la génération des millennials, nés dans les années 1980-1990, et se définissant comme marxiste.
Interrogé lundi, un porte-parole du Premier ministre britannique Keir Starmer a refréné tout commentaire sur sa situation, mais a souligné que « le soutien à une organisation interdite constitue une infraction en vertu de la loi sur le terrorisme » et que « la police, comme elle l’a indiqué, appliquera la loi ».
Menace à la liberté d’expression et au droit de manifester
Sally Rooney, qui a vendu des millions de romans à l’échelle mondiale, avait précédemment refusé en 2021 que son troisième ouvrage, « Où es-tu, monde admirable ? », soit traduit en hébreu par une maison d’édition israélienne, qu’elle jugeait trop proche du pouvoir, ce qui avait engendré des réactions vives au sein de la communauté juive.
De nombreuses organisations et ONG, notamment les Nations unies, Greenpeace et Amnesty International, ont vivement critiqué l’interdiction de Palestine Action, avertissant que les interpellations de ses partisans mettent en péril la liberté d’expression et le droit de manifester. Huda Ammori, fondatrice de l’organisation, qui vise à dénoncer « la complicité britannique » avec Israël, notamment concernant les ventes d’armes, a engagé un recours en justice dont l’examen est prévu en novembre.
L’offensive israélienne dans la bande de Gaza a causé 61 944 morts, principalement des civils palestiniens, selon les données du ministère de la Santé de l’enclave, jugées fiables par l’ONU. Cette situation a également engendré une catastrophe humanitaire, tandis que les accusations de génocide des Palestiniens par Israël se propagèrent à l’échelle mondiale.