L’essor rapide de l’intelligence artificielle bouleverse le paysage technologique. Pour les professionnels aguerris, cela constitue un défi majeur. À l’exemple de Shawn K, un ancien ingénieur en logiciels fort de 20 ans d’expérience, qui observe sa carrière passer d’une rémunération confortable à une situation précaire. Cette transformation soulève des interrogations sur la durabilité des emplois dans un secteur jadis florissant, tout en mettant en lumière les limitations de l’IA, rapporte TopTribune.
Le parcours de Shawn K
À 35 ans, Shawn K présente un parcours professionnel remarquable. Ancien résident de la Silicon Valley, il vit maintenant à New York dans une mini-caravane. Autrefois, il touchait 11 000 $ par mois (environ 150 000 $ par an), mais se retrouve aujourd’hui à livrer des repas à vélo pour DoorDash. Malgré l’envoi de plus de 800 candidatures, il peine à retrouver une place dans le secteur technologique. Spécialisé dans le développement informatique et le métavers, Shawn tient un blog sur Substack, où il exprime son sentiment de devenir un « étranger dans une industrie que j’avais contribué à bâtir ».
Les bouleversements dans la tech
Depuis 2022, l’industrie technologique est en proie à une vague de licenciements sans précédent. Selon Layoffs.fyi, plus de 400 000 employés ont perdu leur emploi au cours des deux dernières années. Des géants tels que Microsoft, Meta, et Amazon ont supprimé des milliers de postes, révélant une réorganisation profonde du travail, alimentée par l’émergence rapide de l’IA. Aujourd’hui, cette technologie est déployée de manière autonome pour exécuter des tâches précédemment assurées par des ingénieurs humains.
Dans un souci d’économie, les entreprises s’orientent vers l’automatisation. Selon Dario Amodei, l’IA pourrait prochainement être capable de générer jusqu’à 90 % du code informatique. De surcroît, les algorithmes impactent les processus de recrutement et de développement logiciel, remaniant les anciennes structure de travail.
Ce que ça change pour les travailleurs
L’ampleur de l’intégration de l’IA suscite des inquiétudes parmi les jeunes diplômés et la génération Z, qui s’interrogent sur la stabilité future du secteur IT face aux professions menacées. Les offres d’emploi exigent désormais des compétences spécialisées en IA, rejetant des profils comme celui de Shawn K, non formé à l’apprentissage automatique ni à la création de modèles d’IA. De plus, les systèmes automatisés d’évaluation des candidatures n’évaluent pas toujours les véritables compétences, ce qui conduit à l’exclusion de candidats potentiellement qualifiés.
Cette situation crée un sentiment d’invisibilité chez les développeurs expérimentés, désormais contraints d’acquérir de nouvelles compétences ou d’envisager une reconversion professionnelle.
Changer de voie et questions éthiques
Face à ces bouleversements, Shawn K a dû abandonner son poste d’ingénieur logiciel pour devenir livreur de repas. Tandis que ceux qui maîtrisent l’IA continuent de prospérer, beaucoup envisagent de suivre des formations complémentaires ou de changer radicalement de carrière face aux nouvelles technologies. Il est difficile de discerner un accompagnement humain pour naviguer cette évolution technologique.
Pour Shawn, la critique n’est pas dirigée contre la technologie elle-même, mais envers le manque d’une transition humaine bien orchestrée pour faciliter cette évolution vers une automatisation accrue. Les entreprises semblent privilégier l’utilisation de l’IA pour augmenter leur rentabilité au détriment du travail collaboratif, révélant une transition vers le profit.
