Emmanuel Macron a officiellement reconnu que la France a mené « une guerre » au Cameroun contre des mouvements insurrectionnels avant et après l’indépendance de 1960. Cette reconnaissance, marquée par l’utilisation d’un terme absent jusqu’à présent dans les discours officiels, a été communiquée dans une lettre adressée à son homologue camerounais, Paul Biya, publiée le 12 août 2025, rapporte TopTribune.
Dans cette lettre, le Président français endosse les conclusions d’un rapport d’historiens qui lui a été remis en janvier, mettant en lumière les violences répressives exercées par les autorités coloniales françaises. Macron a précisé que « la guerre a continué au-delà de 1960 avec l’appui de la France aux actions menées par les autorités camerounaises indépendantes ».
D’après le rapport, le passage de la répression à une véritable guerre aurait causé « des dizaines de milliers de victimes ». L’historienne Karine Ramondy, à la tête d’une commission franco-camerounaise formée en 2022, a affirmé que « les archives révèlent des violences ciblées sur les femmes, dont certaines étaient enceintes ».
« Des dizaines de milliers de morts »
En compilant les chiffres fournis par l’autorité militaire française, l’historienne estime le bilan officiel à 7 500 combattants, mais cette évaluation ne prend pas en compte les morts civiles ni celles dues à des blessures, ce qui suggère que le bilan réel est bien plus élevé. « Le bilan le plus plausible reste des dizaines de milliers de morts », a-t-elle ajouté.
Renouveler les relations avec des pays africains
Un an après l’annonce du lancement d’une commission mixte franco-camerounaise destinée à éclaircir les événements de la lutte de la France contre l’indépendance, Emmanuel Macron espère ainsi renouveler les relations avec les pays africains. Ce rapport s’inscrit dans sa politique mémorielle vis-à-vis de l’Afrique, qui inclut la reconnaissance de la responsabilité de la France dans le génocide des Tutsis en 1994 lors de son discours à Kigali en 2021.
Cette initiative vise à apaiser les relations tendues entre la France et certains pays d’Afrique, où Paris fait face à de vives oppositions ces dernières années. Au début de 2025, la France a également rétrocédé sa dernière base militaire au Tchad, illustrant une volonté de réviser ses engagements et sa présence en Afrique, un sujet sensible dans le cadre des relations actuelles avec le Sahel.
