Près de 300 enfants ukrainiens ont été référencés dans un catalogue en ligne trié selon leurs caractéristiques physiques et traits de personnalité, indiqué que Moscou aurait enlevé environ 20 000 enfants ukrainiens depuis le début du conflit, ces derniers étant proposés à l’adoption par des familles russes. Qui sont ces mineurs déplacés de force vers la Russie, et quelles sont les actions des ONG ukrainiennes pour les retrouver ?
Les révélations sur cette situation ont provoqué un choc généralisé. Des enfants ukrainiens sont listés, triés par âge, sexe, couleur des yeux et des cheveux, état de santé et traits de personnalité, et proposés à l’adoption à des familles russes. L’ONG Save Ukraine a signalé que près de 300 enfants figuraient dans ce « catalogue en ligne ».
Cette pratique est dénoncée comme du « trafic d’enfants » par l’association, qui est engagée dans des efforts pour rapatrier les enfants ukrainiens kidnappés et déportés par les autorités russes.
« La plupart des enfants figurant dans ce catalogue sont nés dans l’oblast de Louhansk avant l’occupation russe et étaient de nationalité ukrainienne », a déclaré Mykola Kuleba, directeur de l’organisation, dans un message publié sur Instagram.
Une partie des enfants sont orphelins. « Les parents de certains d’entre eux ont été tués par les autorités d’occupation, tandis que d’autres ont reçu des documents d’identité russes pour justifier leur enlèvement », a ajouté le fondateur de l’ONG. Les sites russes proposant ces mineurs les décrivent comme « des orphelins et des enfants privés de soins parentaux » disponibles à l’adoption.
Déportation organisée massive dans les zones occupées
Bien que l’information ait été choquante, l’enlèvement d’enfants ukrainiens par Moscou n’est pas un phénomène nouveau. Kiev affirme avoir identifié plus de 19 500 enfants enlevés et transférés en Russie, dans les territoires occupés ou en Biélorussie depuis le début de la guerre. Sur ces près de 20 000 enfants, seuls 1 480 ont été rapatriés, rapporte le Kyiv Independent. Le nombre réel d’enfants ukrainiens enlevés pourrait cependant être beaucoup plus élevé, certains responsables ukrainiens évoquant des chiffres compris entre 150 000 et 300 000.
De nombreux enfants ayant grandi dans des régions occupées par Moscou, telles que la Crimée, Donetsk ou Louhansk, auraient été « systématiquement déportés et transférés dans des familles russes à Moscou et dans d’autres régions de Russie », soutient Mykola Kuleba. « Ce n’est pas une nouvelle tactique. Depuis 2014, des enfants ukrainiens apparaissent dans des bases de données russes destinées à l’adoption. Toutefois, depuis 2022, cette pratique s’est généralisée et systématisée », a-t-il ajouté. Selon lui, les autorités russes, initialement désireuses de « cacher leurs traces », ne se cachent plus désormais.
Fin juillet, l’agence de renseignement militaire ukrainienne (HUR) a révélé « des milliers de documents » attestant, selon elle, de l’enlèvement massif d’enfants ukrainiens par la Russie et d’une « déportation organisée » depuis les régions occupées, notamment les oblasts de Kherson, Zaporijia, Donetsk et Louhansk.
En mars 2023, la Cour pénale internationale (CPI) a émis un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine pour sa responsabilité dans les crimes de guerre en Ukraine, notamment pour la « déportation illégale » d’enfants et leur « transfert illégal » des zones occupées vers la Fédération de Russie.
