Le mariage entre conjoints de même sexe au Canada : un bilan 20 ans après la légalisation
Vingt ans après la légalisation du mariage entre conjoints de même sexe au Canada, le nombre de ces unions a atteint 730 en 2023, marquant une stabilité inattendue malgré une dynamique générale de baisse du mariage, rapporte TopTribune.
Au Québec, la tendance à la hausse des mariages entre personnes de même sexe a été notable, avec 451 unions en 2005 et 600 en 2015. Toutefois, depuis, les chiffres stagnent autour de 700, selon l’Institut de la statistique du Québec. Line Chamberland, sociologue, note une certaine stabilisation des mariages au sein de cette communauté.
Michel Dorais souligne que la loi adoptée en juillet 2005 a été une avancée majeure pour les droits des personnes LGBTQ+. « Elle reconnaît les couples de même sexe comme étant égaux, explique-t-il. C’est un changement culturel très significatif au pays. » Avant cette législation, les conjoints n’étaient pas reconnus sur le plan légal, rendant difficile, par exemple, l’accès aux soins médicaux en hôpital.
Au-delà des aspects légaux, cette loi a permis de combler un vide en matière de reconnaissance sociale. « Les couples de même sexe ont désormais le droit de vivre leur amour publiquement et légalement, ce qui représente une avancée significative », ajoute Chamberland.
Un changement de mentalité face au mariage
Cependant, malgré ces avancées, le mariage ne jouit plus de la même importance qu’auparavant. Line Chamberland explique qu’une part significative des jeunes, hétérosexuels ou issus de la communauté LGBTQ+, préfère s’engager sans passer par le mariage. En 2023, le Québec a enregistré 22 688 mariages, un chiffre stable mais en déclin par rapport aux périodes antérieures.
Concernant les dynamiques intimes, une étude menée par Chiara Piazzesi et Martin Blais révèle que 55 % des adultes LGBQ+ dans des relations intimes privilégient l’exclusivité romantique, contre 91 % des hétéros. Ce chiffre est particulièrement moins marqué chez les femmes lesbiennes, qui tendent à conserver des valeurs plus traditionnelles sur le mariage et l’engagement.
Les témoignages recueillis parmi les jeunes mariés attestent de la diversité des opinions sur l’institution. Jonathan Bécotte, qui a récemment été demandé en mariage, exprime que cette étape représentait un rêve longtemps inaccessible en raison des normes passées. « C’était réservé aux couples homme-femme », rappelle-t-il. À l’opposé, d’autres, comme Mélodie Noël-Rousseau, voient le mariage comme un héritage de traditions patriarcales, bien qu’elles reconnaissent l’importance des droits obtenus par la loi.
Bernard Lavallée, impliqué dans une relation de longue durée, ajoute que le mariage n’est pas nécessaire pour la légitimité de leur union. Il note que cet attrait diminue, une observation qui semble refléter un changement générationnel, où l’engagement prend des formes diverses et souvent flexibles.
La question de l’utilité du mariage est également abordée par d’autres couples ; Sophie Jacquelin, par exemple, a vu le mariage comme une nécessité pratique pour des raisons légales liées à son statut d’immigration. « On ressentait qu’être mariées rendait les choses plus crédibles », précise-t-elle.
Pour Maxime-Ève Gagnon, le mariage est avant tout une célébration de l’amour, une union précieuse qui va au-delà des normes de genre. « C’est un choix d’union qui transcende les simples engagements légaux », conclut-elle.