Barnier aspire à un retour à l'Assemblée, malgré le défi posé par Dati.

Barnier aspire à un retour à l’Assemblée, malgré le défi posé par Dati.

30.07.2025 13:53
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Un retour au premier plan risqué. Michel Barnier a pris la décision de se porter candidat dans la 2e circonscription de Paris, un secteur sans député depuis l’inéligibilité prononcée le 11 juillet par le Conseil constitutionnel à l’encontre du macroniste Jean Laussucq. La course s’annonce néanmoins difficile. Bien que l’ancien Premier ministre ait obtenu l’investiture des Républicains ce lundi soir, Rachida Dati a également confirmé sa candidature, affirmant qu’elle se présenterait « quoi qu’il arrive ». Cette situation pourrait entraîner une nouvelle lutte pour le pouvoir à droite. Mais que cherche donc Michel Barnier en s’engageant dans cette compétition?, rapporte TopTribune.

Un retour au premier plan

Michel Barnier affiche un triste record : celui d’avoir été le Premier ministre le plus éphémère de la Vᵉ République. Écarté par des motions de censure du Nouveau Front populaire et du Rassemblement national en décembre dernier, l’ancien négociateur du Brexit garde une certaine amertume. « Ça a été un grand Premier ministre même si ça n’a pas duré longtemps. Il a apporté sa vision économique et stratégique, mais il a été sacrifié par la gauche et le RN, c’est dommage », déplore Marie-Christine Dalloz, députée LR du Jura. L’intéressé, n’ayant occupé Matignon que pendant 91 jours, aspire à rebondir en revenant à l’Assemblée nationale. « La situation est très sérieuse. C’est un moment d’engagement, de responsabilité. Tout le monde doit être à bord, assure Michel Barnier. On ne peut pas rester spectateur. Dans les tempêtes, il faut être présent. J’ai envie d’être sur le pont, pas dans la cave. »

Un « plan B » pour Paris ?

Cependant, sa candidature sur le territoire de Rachida Dati n’est pas bien accueillie par la maire du 7e arrondissement, qui s’est empressée de réagir. « Il a été un Premier ministre éphémère, peut-être remercié de manière injuste. Mais jusqu’à présent, il n’a pas montré d’intérêt marqué pour les Parisiens et leurs préoccupations. Je pensais qu’il se revendiquait comme Savoyard ? », s’interroge le responsable LR parisien David Alphand, proche de Dati.

Au sein de l’entourage de la ministre de la Culture, des inquiétudes s’expriment quant aux ambitions parisiennes de Barnier, à quelques mois d’une élection municipale ouverte. Et si les Républicains préparaient un « plan B », mettant Barnier en avant au cas où Dati serait trop empêtrée dans ses affaires judiciaires ? Son cercle n’a pas apprécié la communication du parti, lundi soir. La commission nationale d’investiture a validé la candidature de Barnier pour la législative partielle, mais n’a toujours pas confirmé celle de Rachida Dati pour les municipales de 2026, se limitant à affirmer qu’elle était « la mieux placée pour incarner l’alternance ». « C’est un propos ambigu, mais nous avons encore le temps d’éviter une guerre des chefs », souligne un membre de la CNI.

Des ambitions présidentielles ?

Au sein du parti et du camp Dati, un accord semble inévitable. Un soutien clair des Républicains pour Dati lors des municipales, en échange de son désistement dans la 2e circonscription. Barnier aurait alors la voie libre sur ces terres historiquement favorables à la droite, avec un scrutin prévu pour début octobre. L’ancien vice-président de la Commission européenne pourrait donc faire son retour à l’Assemblée dès la rentrée. Mais quel en sera l’objectif ? « Il peut apporter une voix de raison et son sens de l’État dans une Assemblée souvent déraisonnable », assure Marie-Christine Dalloz. Barnier, considéré comme l’une des figures politiques préférées des Français dans les sondages, pourrait donc renforcer le groupe LR, qui manque de figures incarnées. Pourtant, à 74 ans, Barnier rejette les rumeurs de ses ambitions pour le poste de président des députés de droite, actuellement occupé par un Laurent Wauquiez déjà affaibli.

« Il souhaite utiliser cette élection comme une préparation pour la présidentielle », confie un élu. Barnier se montre d’ailleurs plus évasif sur ses réelles ambitions nationales. « Je reste prêt à servir mon pays », affirmait-il lors de la présentation de son livre, *Ce que j’ai appris de vous*, en juin dernier. Dans cet ouvrage, l’ancien chef du gouvernement évoque un soutien inattendu de Donald Trump, qui, lors de la réouverture de Notre-Dame de Paris quelques jours après le vote de censure, lui aurait déclaré : « L’âge, ça n’empêche rien ! Moi, j’en ai 78. Et puis vous êtes grand, vous êtes solide, vous vous tenez droit… Il faut continuer ! »

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