Budget 2026 : le gouvernement propose de "responsabiliser les patients" pour diminuer les dépenses de santé.

Budget 2026 : le gouvernement propose de « responsabiliser les patients » pour diminuer les dépenses de santé.

16.07.2025 12:53
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François Bayrou a proposé diverses mesures, incluant une « réforme en profondeur » concernant la gestion des affections de longue durée, ainsi qu’un doublement de la franchise médicale, passant de 50 à 100 euros, rapporte TopTribune.

« Nous pouvons être fiers de notre système de santé. Mais… » Lors de son discours du 15 juillet, relatant sa feuille de route pour réaliser une économie de près de 44 milliards d’euros dans le budget 2026, François Bayrou a critiqué le secteur de la santé. Il a souligné qu’il est impératif d’agir pour éviter une augmentation de 10 milliards d’euros des dépenses l’année suivante. Le Premier ministre a exhorté à un ralentissement des coûts de l’ordre de 5 milliards d’euros, souhaitant une « responsabilisation des patients pour que le coût de la santé soit plus tangible pour nos concitoyens ». En juin, l’Assurance-maladie avait déjà avancé un projet d’économies de 3,9 milliards d’euros.

Tout en ne détaillant pas l’intégralité des mesures envisagées, François Bayrou a fourni quelques illustrations qui seront soumises à l’examen du Parlement à l’automne, avec la possibilité de modifications ou de suppressions.

Augmenter la franchise de 50 à 100 euros sur les médicaments

François Bayrou a débuté en notant une consommation excessive de médicaments en France : « Nous utilisons par exemple deux fois plus d’antibiotiques qu’en Allemagne, sans que notre santé soit supérieure à la leur. » Il a donc annoncé son intention de doubler la franchise sur les boîtes de médicaments payées par les assurés sociaux, qui avait déjà été augmentée en mars 2024. « Chaque fois que nous achetons une boîte de médicaments, une partie en est à notre charge » [1 euro par boîte], avec un plafond établi à « 50 euros par an », a-t-il expliqué, ajoutant que ce plafond serait porté à 100 euros, ce qui représenterait pour les plus consommateurs environ 8 euros par mois.

La ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, Catherine Vautrin, a précisé que ces franchises seraient désormais « versées directement au comptoir » par l’assuré, afin de les rendre plus visibles et d’encourager l’économie personnelle. Cette mesure divise les opinions publiques, comme le montre un reportage dans une pharmacie.

Le gouvernement envisagerait également un déremboursement pour les patients non vaccinés, un sujet abordé par Patrick Martin, président du Medef, sans formulation explicite de cette proposition. Le Premier ministre a néanmoins insinué que la « responsabilisation » inclut la « vaccination », affirmant que « les trois quarts des personnes en réanimation lors des épidémies de grippe » n’avaient pas été vaccinées. Cette définition de la « responsabilisation » par les patients a été durement critiquée par certains professionnels de santé.

Réformer « en profondeur » le système des affections longue durée

Parmi les mesures d’économie envisagées, on trouve une réévaluation du statut des affections longue durée (ALD), qui permet actuellement une prise en charge à 100% des soins et traitements liés à certaines pathologies (telles que les maladies cardiovasculaires, les cancers, le diabète…). « 20% des Français sont en ALD contre 5% de la population allemande, et je ne pense pas que nos concitoyens soient en moins bonne santé que les Allemands », a-t-il affirmé. Il a promis de démarrer une réforme en profondeur du système de prise en charge, avec une principale mesure visant à exclure du remboursement à 100% les médicaments non liés aux affections déclarées dès 2026.

François Bayrou a également mentionné la possibilité de retirer le statut ALD « lorsque l’état de santé ne le justifie plus ». Le ministère de la santé et l’Assurance-maladie ont évoqué la possibilité que les patients guéris ou en rémission perdent leur statut, pour le retrouver rapidement en cas de rechute. Les associations de patients expriment des inquiétudes face à ces propositions.

Pour faciliter la continuité des soins, le Premier ministre a abordé le « dossier médical partagé », qui doit permettre aux médecins d’établir un diagnostic précis. Bien que ce système ait été lancé en 2004, il a été critiqué pour son manque d’adhésion tant de la part des patients que des praticiens. Bayrou a suggéré que sa gestion soit désormais « obligatoire » et qu’elle bénéficie de l’« intelligence artificielle » afin d’améliorer les diagnostics et la prévention des complications.

« Mettre fin à une dérive » des arrêts-maladies

Un autre enjeu crucial concerne les arrêts-maladies. Bayrou a exprimé son souhait de « mettre fin à une dérive » dans ce domaine, soutenant qu’une évaluation des arrêts de travail de plus de 18 mois révélait que 50% d’entre eux étaient injustifiés.

Le Premier ministre propose qu’un salarié puisse reprendre son activité après plus de 30 jours d’arrêt sans passer par le médecin du travail. Selon lui, cette mesure est nécessaire puisque de nombreux professionnels souhaitent retourner au travail, mais ne peuvent pas le faire en raison d’un manque de spécialistes. « C’est absurde », a-t-il ajouté. À l’exception des maladies professionnelles et des accidents du travail, c’est le médecin généraliste ou spécialiste qui déterminera la reprise.

Le Premier ministre a également annoncé un « projet de loi à l’automne sur la fraude fiscale et sociale, afin d’améliorer sa détection et ses sanctions et de récupérer les pertes financières ».

Mi-avril, lors d’une conférence sur les finances publiques, il avait déjà dénoncé le coût des arrêts maladies, estimé à 17 milliards d’euros par an, soit une hausse de 25% par rapport à la période du Covid-19. Bien que le nombre d’arrêts maladies ait été stable l’année passée dans le secteur privé, il a pour les moins de 30 ans observé une tendance à la hausse, ce qui, selon la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet, est attribuable à de mauvaises pratiques managériales.

Demander « une plus grande efficacité » à l’hôpital, avec la réutilisation du matériel

Alors que les hôpitaux ont fait face à une « dégradation sans précédent » de leurs finances en 2023, François Bayrou a insisté sur la nécessité d’augmenter leur efficacité, surtout en matière d’achats. Il a évoqué le cas où un médicament, même onéreux, approche de sa date d’expiration et ne peut être soit donné, soit vendu à un autre établissement, étant contraint d’être détruit, ce qui entraîne des coûts additionnels. « Il faut utiliser le bon sens en matière de partage ou de mutualisation des achats », a-t-il déclaré.

Il a également mentionné la possibilité de recycler les matériels médicaux, tels que « les fauteuils pour les malades incurables en fin de vie » ou « les cannes anglaises », suggérant qu’ils puissent être réutilisés après la mort du patient. Bien que cette proposition ait suscité de vives réactions, elle soulève de vives inquiétudes face à de potentielles nouvelles réductions budgétaires pour les hôpitaux. « Toute sorte de réduction dans le secteur public hospitalier pourrait avoir des conséquences graves », a averti Arnaud Robinet, président de la Fédération hospitalière de France. « L’hôpital public a déjà subi une crise auparavant », a-t-il ajouté, soulignant l’impact sur le recrutement et l’investissement dans ce secteur.

Les défis qui se posent au système de santé français sont multiples et en constante évolution, amenant à repenser sa structure de manière durable.

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