Budget 2026 : Philippe Juvin critique la mesure de l'année blanche comme un moyen simpliste d'éviter la réflexion.

Budget 2026 : Philippe Juvin critique la mesure de l’année blanche comme un moyen simpliste d’éviter la réflexion.

15.07.2025 10:33
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Le Premier ministre, François Bayrou, prévoit de dévoiler aujourd’hui, mardi 15 juillet, à 16 heures, les lignes directrices concernant le budget de 2026, engendrant des économies de l’ordre de 40 milliards d’euros. Parmi ces mesures, il est envisagé de réduire les dépenses publiques de 35 milliards d’euros tout en augmentant les impôts de 5 milliards d’euros. Cette annonce sera discutée avec Philippe Juvin, député Les Républicains des Hauts-de-Seine, lors de l’émission « La Matinale », rapporte TopTribune.

Alors que le gouvernement cherche à dégager 40 milliards d’économies pour le budget national, François Bayrou se prépare à présenter sa stratégie. Ce plan pourrait inclure des hausses d’impôts, ce qui va à l’encontre des engagements pris par Emmanuel Macron, qui avait promis de ne pas augmenter les impôts pour les Français. Philippe Juvin exprime ses préoccupations sur cette discordance lors de son intervention dans « La Matinale ».

Alix Bouilhaguet : À 16 heures, François Bayrou va dévoiler les grandes orientations du budget 2026. Les économies à réaliser s’élèvent à environ 40 milliards d’euros, dont 35 milliards à couper dans les dépenses publiques et 5 milliards supplémentaires en impôts. N’est-ce pas contradictoire avec les promesses d’Emmanuel Macron de ne pas augmenter les impôts ?

Philippe Juvin : Pour l’instant, le plan exact du Premier ministre reste inconnu.

Il ne vous a pas informé de ses intentions ?

Non, je n’ai pas été consulté sur ses projets. D’ailleurs, il semble avoir travaillé seul pour éviter toute évasion d’informations. La discussion se déroulera au Parlement, que ce soit à l’Assemblée ou au Sénat, et nous examinerons les propositions de ce plan. Selon moi, les priorités doivent être de dépenser moins, car les dépenses françaises sont plus élevées qu’ailleurs. De plus, il faut optimiser les dépenses, car certaines d’entre elles sont inefficaces. Enfin, il est essentiel d’augmenter le temps de travail. Si notre taux d’emploi et nos heures travaillées étaient équivalents à ceux de l’Allemagne, comme l’ont souligné deux économistes de l’OCDE, nous serions en mesure d’éviter le déficit cette année.

Quant à la question de travailler plus, il semblerait que François Bayrou envisage de supprimer un jour férié. Oui ou non ?

La question mérite d’être examinée. Toutefois, la suppression d’un jour férié ne résoudra pas le problème. En effet, la France affiche 15 à 16 % d’heures en moins travaillées contrairement à nos voisins européens. Deux catégories de travailleurs sont particulièrement concernées : les jeunes et les seniors de plus de 60 ans.

Il existe également des propositions pour accroître le temps partiel et élargir l’accès aux professions réglementées, comme les boulangers, qui ne peuvent pas ouvrir tous les jours de la semaine. Cela pourrait-il être bénéfique ?

Il est irrationnel d’empêcher certains commerces d’ouvrir le dimanche en raison de réglementations restrictives. Il est crucial de comprendre pourquoi les Français travaillent moins que les autres. Sont-ils réellement paresseux ? Je ne le pense pas. Nous avons un système social qui décourage le travail et, d’autre part, un niveau d’imposition très élevé. En conséquence, les Français deviennent des travailleurs rationnels; ils savent que plus ils travaillent, plus ils sont imposés, et ainsi, au-delà d’un certain seuil, le travail devient moins attractif. En réduisant massivement les impôts, nous pourrions encourager les gens à travailler davantage et, par conséquent, améliorer les recettes fiscales.

Parlons également d’une éventuelle « année blanche », impliquant un gel des prestations sociales, des pensions, de l’impôt sur le revenu, et des salaires des fonctionnaires, sans prendre en considération l’inflation. Est-ce une approche suffisante ?

Non, cela ne me semble pas adéquat. On estime qu’une année blanche pourrait engendrer entre 13 et 17 milliards d’euros d’économies, tandis que 45 milliards sont nécessaires. De plus, certaines dépenses, comme la contribution à l’Union européenne ou le remboursement des intérêts de la dette, ne peuvent pas être gelées. Cette mesure peut avoir un effet de levier, mais elle ne pourra être utilisée qu’une fois. Par ailleurs, nous devons réfléchir à une redéfinition des interventions de l’État, car c’est là que se trouve véritablement la clé d’économies durables.

Les 30 000 ménages les plus riches seront également ciblés par un nouveau dispositif visant à contrecarrer l’optimisation fiscale. Est-ce un point de non-retour pour les Républicains ?

Non, nous devons garder à l’esprit que la situation demande pragmatisme. Dans ce gouvernement, il serait imprudent d’édicter des lignes rouges. Ma conviction est de réduire les impôts, diminuer les dépenses, et renforcer le travail. Actuellement, 75 % des impôts sont payés par seulement 10 % des Français. L’année dernière, une taxe sur les très hauts revenus a été mise en place, initialement prévue pour toucher 66 000 personnes, mais finalement, cela n’a concerné que 16 000, témoignant de la pression déjà subie par les plus riches. C’est la multiplication des heures de travail qui, comme en Allemagne, mettrait un terme à notre déficit, associé à une structure de dépenses de l’État nettement plus efficace.

Pour faire adopter ce budget et éviter des motions de censure, François Bayrou appelle à la responsabilité des partis politiques. Les Républicains répondront-ils présents ? Laurent Wauquiez, en tant que leader du groupe à l’Assemblée, sera-t-il de la partie ?

Oui, nous assumerons nos responsabilités. Cela se reflète dans notre volonté de participer au gouvernement, même si nous avons des divergences. Les Républicains ne sont pas inflexibles, nous avons des principes et il est essentiel que le gouvernement les prenne en compte. Il est vital de se poser la question : notre pays serait-il mieux sans gouvernement, s’il était assailli par une motion de censure, ou serait-il plus stable avec un budget imparfait ?

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